Fiche Pays – Cuba

1. Introduction

La République de Cuba est un Etat insulaire d’Amérique latine de 11 253 151 habitants en 2016, pour une superficie de 110 922km² composé de l’ile de Cuba, l’ile de la jeunesse et de quelques autres petites iles. La zone économique exclusive du pays est de 350 751km². La langue officielle est l’espagnol. La majorité de la population cubaine est d’origine européenne (environ 65%), environ 10% de la population de l’île est d’origine africaine, et environ 25% est métissée.

La monnaie est le peso cubain.

Au niveau de l’IDH, Cuba se situe au 71ème rang mondial avec un niveau de 0,775 en 2015.

Le 26 novembre 2016, le 1er Ministre Cubain Fidel Castro décède à l’âge de 90 ans. Son frère Raoul Castro, qui assurait la présidence depuis 2006 en succédant à son frère Fidel, a décidé de laisser la place à un nouveau président lors des élections municipales, dont le premier tour s’est déroulé le 26 novembre 2017. Le second tour aura lieu le 3 décembre 2017, suivi l’an prochain par le renouvellement de l’Assemblée nationale, qui élira à son tour le Conseil d’Etat, lui-même chargé de désigner le président. L’actuel vice-président et numéro deux du gouvernement Castro Miguel Diaz-Canel, 57 ans, est fortement pressenti pour mettre fin à la lignée Castro.

Quel avenir pour Cuba, avec la fin de la génération Castro ?

2. Évaluation du risque politique

  • La stabilité du gouvernement et des institutions

La Constitution cubaine ne reconnaît qu’un seul parti légal : le Parti Communiste de Cuba (PCC), dont la présidence était assurée par Fidel Castro depuis le 16 février 1959. En 2006, Fidel Castro renonce à ce poste au profit de Raul, ancien Ministre de la Défense, qui est toujours à la tête du parti aujourd’hui et le sera jusqu’à la désignation d’un nouveau président fin février 2018.

Ainsi, une certaine stabilité politique régnait à Cuba, étant donné que le pouvoir a été détenu par seulement deux personnes (de la même famille) en 50 ans. Néanmoins, une rupture de cette stabilité est à prévoir avec la possible élection prochaine de Miguel Diaz-Canel, ancien ministre de l’Enseignement Supérieur de 2009 à 2012, et l’actuel vice-président.

  • Les conflits internes

Cuba a connu une révolution en 1959 dont le but était le renversement du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par une guérilla amorcée par Fidel Castro ainsi que le  Mouvement du 26 juillet.

Aujourd’hui, Cuba ne connaît pas de réels conflits internes. En cette période d’élections, des voix venant de partis dissidents comme Otro18 ou Candidats pour le Changement se sont élevées contre le contrôle exercé par le PCC sur les élections municipales. En effet, si légalement chaque citoyen est libre de se présenter aux élections municipales, les candidatures de membres de partis d’opposition ont été invalidées par le PCC, qui supervise le processus électoral. Certains candidats ont aussi connu des arrestations de dernière minute, or la loi interdit à une personne condamnée de se présenter aux élections.

  • Les conflits externes et pays voisins entraînant un risque potentiel

En 2014, Barack Obama et Raul Castro annonçaient un rapprochement diplomatique de leurs deux pays. Ce mouvement vers la normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis se poursuit notamment le 26 octobre 2016, lorsque l’ONU vote pour la levée de l’embargo cubain grâce au vote d’abstention américain. Jusqu’à présent, les Etats-Unis avaient toujours voté contre. Ce geste correspondait à la volonté du président Barack Obama d’améliorer et de restaurer ses relations avec Cuba, par exemple en signant des accords rétablissant les vols commerciaux.

Cependant en juin 2017, Trump annule l’accord de 2014 et rétablit des sanctions. S’il maintient l’ambassade américaine, il limite la possibilité pour les Américains de visiter l’île, alors que le tourisme représente la principale source de revenus cubains.

Dans le futur, les relations s’annoncent toujours aussi tendues entre les Etats-Unis et Cuba. En effet, Miguel Diaz-Canel a rejeté les demandes du président Trump concernant des réformes du système politique et économique en échange d’un retour à la normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Le successeur potentiel de Raul Castro, qui s’est affiché aux côtés de Kim Jong Un en 2015, considère que l’ambassade américaine fait partie des « grands foyers de subversion ».

  • Le niveau de corruption

Le CPI (corruption perception index) est un indice composite, agrégeant des données d’enquêtes et d’agences de notation. Un score de 100 indique l’absence de demandes de pots-de-vin et celui de 0 une corruption systématique. Avec un score est de 47 en 2016, Cuba se classe au 60ème rang des pays les moins corrompus, au même titre que l’Italie, alors qu’il se classait 56ème en 2015.

La liberté de presse est très minime puisque Cuba se situe au 173ème rang mondial sur 179 en 2017.

  • Les conditions de sécurité dans le pays liées à la criminalité et au terrorisme

Des actes de petites délinquance comme des vols à l’arrachée, parfois accompagnés de violence, peuvent avoir lieu. Ils concernent surtout les lieux touristiques comme ceux de La Havane (Vieille Havane et Malecón) et dans la ville de Santiago de Cuba.

En mai 2015, Barack Obama décide de retirer Cuba de la liste des Etats soutenant le terrorisme. Cuba avait été indexé dans cette liste par l’administration Reagan en 1982 pour son soutien aux séparatistes basques d’ETA et aux FARC.

3. Évaluation des risques économiques et financiers

En 2015, les chiffres de l’économie du pays étaient les suivants :

Le PIB par habitant : $7 602,3, est en croissance perpétuelle d’années en années.

Le taux de croissance du PIB : 4,2% du PIB, ce qui représente une légère augmentation par rapport à 2014 (le taux de croissance était de 0,804% du PIB).

Le taux d’inflation annuel : 3,4, constant par rapport à 2014.

Le solde budgétaire (en % du PIB) :  -4,2% du PIB, négatif depuis plusieurs années.

Le solde commercial : +3,4 milliards USD. Les quatre principaux clients de Cuba sont le Canada, la Chine, les Pays-Bas et le Venezuela. Ses principaux fournisseurs sont le Venezuela, la Chine, l’Espagne, le Brésil, le Mexique, le Canada, l’Italie et l’Allemagne. Les principaux secteurs d’activité sont l’exportation de services (48,6% du PIB), les transferts particuliers (18,4% du PIB) et enfin le tourisme (15,6%). Les exportations de la France vers Cuba ont représenté en 2015 147 M€  et les importations françaises depuis Cuba 25,5M€.

La stabilité du taux de change : En 2017 : 1CUP = 0,03774USD et 1USD = 26,5 CUP

L’économie cubaine a souffert de la crise que traverse son allié vénézuélien, ainsi que des difficultés économiques et politiques du Brésil. La chute des cours du pétrole, conjuguée à d’importantes difficultés financières, a sensiblement réduit les flux d’approvisionnement et de financements dont bénéficiait Cuba.

Fidel Castro a permis le développement d’un système de santé plus efficace via des investissements dans la recherche et a rendu l’éducation plus accessible grâce à un système scolaire centralisé et gratuit pour tous. Depuis 2006, Raul Castro encourage l’émergence d’un petit entreprenariat local, même si le régime est réticent à libéraliser davantage le secteur privé.

4. Évaluation des risques géographiques et environnementaux

  • Les risques sismiques et géologiques

Les risques sismiques sont très importants : Cuba se trouve proche des limites de deux plaques tectoniques, celle d’Amérique du Nord et celle des Caraïbes. La région a déjà connu de nombreux tremblements de terre mais aussi des tsunamis.

“Les iles des Caraïbes se trouvent dans une zone de grande séismicité et un tremblement de terre de 8.0 pourrait arriver à n’importe quel moment selon les modèles passés observés”, selon le sismologue Joan Latchman. De mai à novembre, Cuba connait également une saison cyclonique.

En septembre 2017, l’ouragan Irma a provoqué d’importantes inondations à La Havane, entraînant coupures d’électricité et pénuries d’eau. Ce cyclone de catégorie 3 fut le premier ouragan d’une telle force dont l’œil à toucher le centre de l’île depuis 1932.

  • Les risques sanitaires et épidémiques

On note la présence possible d’infections virales transmises par les moustiques comme le  Chikungunya, la Dengue, la Fièvre Jaune et le Zika (très faiblement présent). Il y a également un risque d’Hépatite A, de Rage et de Typhoïde.

5. Évaluation du Hard power

  • Pouvoir militaire réel

L’armée cubaine appelée « forces armées révolutionnaires » a vu le jour dans les années 60 grâce à un fort soutien du bloc soviétique.  La holding militaire Gaesa (Groupe d’administration d’entreprises) contrôle 80% de l’économie. Ce puissant conglomérat de l’armé contrôle notamment une partie de l’industrie touristique cubaine, mais il opère aussi dans de multiples secteurs, indiquant l’omniprésence de l’armée. Le groupe Gaesa date des années 1990, à l’époque de la chute de l’URSS où les frères Castro se sont assurés de la fidélité de l’armée en lui confiant le contrôle de secteurs économiques-clés.

  • Pois du pays dans les institutions internationales

Cuba est membre de l’OMC depuis 1995 mais aussi de l’association latino-américaine d’intégration (ALADI) qui lui a permis de passer des accords bilatéraux préférentiels (notamment avec le Chili et l’Argentine sur le vin).

Le pays fait aussi partie des Etats membres de l’ONU depuis 1945.

6. Évaluation du Soft power

L’actualité de Cuba est assez présente dans les médias mais l’ile est aussi reconnue sur le plan culturel par son histoire (et notamment les emblématiques Che Guevara et Fidel Castro) mais aussi pour sa culture, à travers la danse (rumba, mambo…) ou encore la gastronomie.

La mort de Fidel Castro a été suivie de neuf jours de deuil national. Afin de marquer le premier anniversaire de sa mort, une série d’événements politiques et culturels ont été organisés dans le pays, témoignant bien de l’influence de Castro, considéré comme l’une des figures de la Guerre Froide.

Les artistes cubains se sont énormément exportés dans le monde et Cuba est omniprésent culturellement partout sur la planète, relayé par les chanteurs, musiciens, danseurs ou écrivains.

Une partie des cubains a migré vers la frontière étatsunienne pour aller s’installer à Miami, la ville des Etats Unis la plus proche de Cuba, qui depuis est la deuxième ville cubaine au monde après La Havane.

Cuba est aussi connu pour ses voitures assez reconnaissables ou encore les cigares et le rhum.

7. Conclusion

Les indicateurs économiques semblent globalement témoigner de la bonne santé économique du pays (par exemple avec la croissance du PIB par habitant). Pourtant, la présidence de Trump, qui souhaite avoir une politique plus dure que son prédécesseur vis-à-vis de Cuba, risque de mettre à mal cette tendance.

Si Raul Castro a donné sa préférence à Miguel Diaz-Canel pour lui succéder, il n’est cependant pas impossible qu’un nouveau Castro se retrouve au pouvoir en février 2018. En effet le fils de Raul Castro, Alejandro Castro, aujourd’hui colonel, pourrait monter en puissance. En tant que coordinateur du Conseil de défense et de sécurité nationale, vers lequel convergent tous les services de renseignements et de contre-espionnage, il possède déjà une influence considérable.

Analyse SWOT

Forces Faiblesses
  • Tourisme
  • Culture forte
  • Bon système de santé et d’éducation
  • PIB par habitant en hausse
  • Risques climatiques
  • Liberté de la presse très limitée
  • Intimidation du PCC envers l’opposition pour empêcher que ses candidats ne se présentent aux élections
  • Durcissement des relations avec les Etats-Unis
  • Solde budgétaire négatif depuis plusieurs années
Opportunités Menaces
  • Renouveau de la politique cubaine avec la possibilité que le prochain président ne fasse pas parti de la famille Castro
  • Miguel Diaz-Canel ne semble pas favorable à un retour à la normalisation des relations avec les Etats-Unis et s’affiche aux côtés du dirigeant nord-coréen
  • Le fils de Raul Castro souhaiterait arriver au pouvoir en février 2018
  • Climat d’instabilité politique dû aux élections.

 Références

https://import-export.societegenerale.fr/fr/fiche-pays/cuba/presentation-demographie

https://www.populationdata.net/pays/cuba/

http://fr.euronews.com/2017/11/27/cuba-vers-la-fin-des-castro-

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/cuba/presentation-de-cuba/

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-sud/cuba-qui-est-miguel-diaz-canel-le-futur-president-digne-heritier-des-castro_1939231.html

http://www.americas-fr.com/histoire/fidel-castro.html

http://www.rfi.fr/ameriques/20171115-cuba-municipales-absence-candidats-dissidents-opposition

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/12/17/les-etats-unis-et-cuba-prets-a-normaliser-leurs-relations-diplomatiques_4542184_3222.html

http://www.rfi.fr/ameriques/20170616-etats-unis-trump-annule-accord-conclu-obama-cuba

https://rsf.org/fr/classement

https://www.transparency.org/country/CUB

https://www.transparency.org/cpi2015

https://www.transparency.org/news/feature/corruption_perceptions_index_2016#table

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/05/29/cuba-retiree-de-la-liste-americaine-des-etats-soutenant-le-terrorisme_4643697_3222.html

http://www.xe.com/fr/currency/cup-cuban-peso

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/cuba/presentation-de-cuba/

http://www.rfi.fr/economie/20161126-cuba-bilan-modele-economique-sociale-education-embargo

http://www.rfi.fr/ameriques/20170911-toujours-coupee-monde-cuba-releve-difficilement-ouragan-irma

https://www.pasteur-lille.fr/vaccinations-voyages/?pays=Cuba

https://tempsreel.nouvelobs.com/monde/l-amerique-selon-trump/20170617.OBS0874/trump-s-en-prend-a-cuba-et-ravive-un-climat-de-guerre-froide.html

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-sud/cuba-les-castro-un-clan-au-pouvoir_1855485.html

https://fr.news.yahoo.com/cuba-rend-hommage-%C3%A0-fidel-castro-an-apr%C3%A8s-060747030.html

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-sud/cuba-les-castro-un-clan-au-pouvoir_1855485.html

1 Commentaire

  1. “Cela a commencé en 1961, lorsque George Washington a rompu les relations diplomatiques avec La Havane, s’en suit en 62 la crise des missiles” …. George Washington en 1961 … ? … c’est JF Kennedy avec la baie des cochons en 1961

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