Introduction
A cheval sur deux continents, l’Afrique et l’Asie, l’Égypte s’étend sur près d’un million de km2, soit presque deux fois la France. Elle possède une frontière commune avec le Soudan au sud, la Libye à l’ouest et Israël à l’est, ainsi que 995 km de côtes sur la mer Méditerranée et 1941 km sur la mer Rouge, le Golfe de Suez et le Golfe d’Aqaba. La surface cultivable et habitable ne représente que 5 % de la superficie totale, soit à peu près la taille des Pays-Bas.
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1.1 Données géographiques
- Nom officiel : République Arabe d’Egypte
- Nature du régime : Régime présidentiel (Constitution adoptée par référendum le 26/12/2012)
- Chef de l’Etat et du Gouvernement : Adli Mansour, Président par intérim, nommé le 4 juillet 2013
- Superficie : 1.002.000 km²
- Capitale : Le Caire
- Villes principales : Alexandrie (4,1 millions d’habitants), Port-Saïd, Assiout, Louxor, Assouan
- Langue officielle : L’arabe classique est la langue officielle de l’État mais n’est compris que par environ 50% de la population. L’arabe égyptien (Masri) est la langue parlée par l’ensemble de la population.
- Monnaie : Livre égyptienne
Nb: 1 euro (EUR) = 9,36 Livre égyptienne (EGP) le 29/11/2013
1.2 Relief
Nous pouvons distinguer trois zones géographiques au relief distinct: (Cf. Carte ci-après)
- La vallée du Nil, propice à l’agriculture, qui n’occupe que 4% du territoire et abrite la quasi-totalité de la population. En aval, le Nil se ramifie en de nombreux bras pour former un vaste delta de 23.000 km² (Basse Égypte).
- Le désert libyque ou désert occidental, ensemble de plateaux peu élevés (de 300 à 400 mètres), souvent couverts de dunes. Cet ensemble est coupé de plusieurs oasis comme celle du Fayoum.
- Le désert arabique ou désert oriental, qui s’étend jusqu’à la Mer Rouge ainsi que sur l’ensemble de la péninsule du Sinaï. Une chaîne montagneuse le long de la côte dépasse parfois 2000 mètres : le point culminant d’Égypte, le mont Sainte Catherine dans le Sinaï, s’élève à 2637m.
Carte du relief en Egypte
1.3 Données démographiques
- Population : 82.536.000 habitants
- Densité : 83 habitants/km²
Il convient de rappeler que 95% de la superficie de l’Egypte est désertique et inhabitable. Ainsi, la densité dans le Delta et la Vallée du Nil évaluée à 1500 hab/km².
- Croissance démographique (taux annuel) : 1,92 %[1]
- Indice de fécondité : 2,94 enfants/femme
- Espérance de vie : 73 ans
- Taux d’alphabétisation : 72%[2]
- Population vivant en dessous du seuil de pauvreté : 25% (2011)[3]
- Religions : Islam sunnite majoritaire ; Christianisme (un peu moins de 10% de Coptes)
- Indice de développement humain (IDH) : 0,662 (2012)[4]
- Taux de chômage (BIT) : 12,2% (2011)
1.4 Langues
On ne compte pas moins d’une douzaine de langues qui sont pratiquées dans l’Egypte contemporaine.
La langue officielle est ce qu’on appelle l’arabe standard, intermédiaire moderne entre l’arabe littéraire et les principaux dialectes qui ont été adoptés dans tout le monde arabe, aussi bien au Mashreq que dans le Maghreb ; c’est essentiellement la langue écrite, ou soutenue. La langue orale est plutôt l’arabe égyptien.
L’arabe égyptien (ou Masri) est la langue orale pratiquée par la grande majorité de la population égyptienne. On la nomme également quelquefois arabe égyptien standard ou arabe égyptien de Basse Egypte. On distingue en son sein plusieurs dialectes, dont le principal est le dialecte cairote, à côté duquel on trouve le dialecte du nord du Delta et celui du centre et du sud du Delta.
Les médias égyptiens (radios, télévision, cinéma, chanson…) ont établi à l’oral un arabe égyptien standard basé sur le parler du Caire, compris par l’essentiel de la population, même dans les zones où on parle un autre dialecte. Le dialecte cairote est de ce fait le plus largement répandu ; il résulte d’un mélange entre le dialecte arabe du Delta et l’arabe de Moyenne Egypte, avec des emprunts à l’arabe littéraire. Le masri est assez répandu au Mashreq, car il est une forme qui est compréhensible par de nombreux autres dialectes de la région.
L’arabe sa’idi est celui de l’Egypte du sud, entre les limites de l’influence cairote et la frontière du Soudan. On distingue au sein du sa’idi le dialecte de Moyenne Egypte (Beni Suef, Fayyum, Gizeh) et le dialecte de Haute Egypte, d’Asyut à la frontière du Soudan. Les Egyptiens de Haute-Egypte sont d’ailleurs souvent appelés Sa’idi.
Vient ensuite l’arabe bédouin dans lequel on distingue :
- le bedawi égyptien oriental, ou arabe bedawi du Levant, parlé par les Bédouins du Sinaï et des côtes de la mer Rouge ; il est proche de certains dialectes du Hijaz, au nord-ouest de l’Arabie Saoudite. On le retrouve, avec des variantes, chez les Bédouins de Palestine, de Jordanie et de Syrie.
- le bedawi égyptien occidental, dit aussi arabe libyen, parlé par les Bédouins vivant entre Alexandrie et la frontière Libyenne.
On oublie souvent que l’Egypte compte aussi des communautés bédouines, même si la sédentarisation tend à menacer leur culture de disparition dans les zones où les Bédouins ne sont pas majoritaires.
Le copte est une langue sémitique qui a hérité d’une partie de la langue de l’Egypte antique ; c’est une langue morte qui n’est plus utilisée que comme la langue religieuse des Coptes, chrétiens d’Egypte. Le copte, comme l’arabe standard ou l’arabe littéraire, est une langue écrite, avec des caractères pour l’essentiel empruntés au grec.
D’importantes minorités nubiennes parlent également des langues dites « nilo sahariennes » ou « nubiennes nilotiques».
Il existe aussi une langue berbère, le siwi, pratiquée dans le désert du nord-ouest du pays, dans l’oasis de Siwa et divers villages isolés des oasis de l’ouest. Cette langue a peu de parentés avec les autres langues berbères.
Enfin sont pratiquées des langues européennes (en particulier le grec, avec une importante minorité à Alexandrie, ou l’italien), ainsi que l’arménien ou l’albanais.
Enfin, il convient de noter que beaucoup d’Egyptiens parlent anglais et français. Les langues étrangères sont d’ailleurs une partie importante du cursus des lycéens et étudiants égyptiens.
1.5 Ethnies
En Egypte on distingue plusieurs groupes ethniques : les arabes qui constituent la majorité de la population égyptienne mais on distingue également certaines minorités comme les Berbères ou les Coptes.
Les Berbères regroupent un ensemble d’ethnies autochtones d’Afrique du Nord. Ils occupaient, à une certaine époque, un large territoire qui allait de l’ouest de la valée du Nil jusqu’à l’Atlantique et l’ensemble du Sahara et y fondèrent de puissants royaumes, formés de tribus confédérées.
Les Coptes sont les habitants chrétiens d’Egypte. Leur nombre est l’un des secrets les mieux gardés en Égypte. On admet un chiffre moyen de 7.5 millions de Coptes, ce qui fait 10 % de la population égyptienne et constitue la plus importante minorité chrétienne dans le Proche-Orient arabe1. L’Église copte orthodoxe avance le chiffre de 12 millions de fidèles, ce qui ferait 15 % de la population.
2 Evaluation du risque politique
2.1 La stabilité du gouvernement et des institutions
Plus de deux ans après la révolution de la place Tahrir, débutée le 25 janvier 2011, la transition égyptienne a connu un nouveau sursaut en juin 2013. La forte polarisation de la scène politique et de la société égyptienne autour du processus institutionnel s’est accentuée au cours des derniers mois.
Faisant suite à une mobilisation d’une ampleur sans précèdent, qui répondait à l’appel lancé par le mouvement « Tamarrod » (rébellion) pour demander le départ du Président Morsi, élu en juin 2012, l’armée est intervenue le 3 juillet pour le déposer.
Elle a immédiatement annoncé une « feuille de route », qui a guidé les premières étapes du processus institutionnel :
- M. Adly Mansour, président de la Haute Cour Constitutionnelle a été nommé Président par intérim le 4 juillet.
- Le 8 juillet, une Déclaration constitutionnelle a été publiée, qui énonce les principales étapes de la transition à venir. Cette déclaration se substitue temporairement à la Constitution de 2012, suspendue par l’armée.
- Nommé le 9 juillet, le Premier ministre Hazem el-Beblawi a formé le 17 juillet un gouvernement, composé de trente-cinq ministres dont de nombreux économistes.
- Le 20 juillet, le Premier ministre a nommé les membres de la commission d’experts qui est chargée, dans un délai de trente jours, de proposer des amendements à la Constitution de 2012. Ces propositions devraient être ensuite examinées par une commission de cinquante membres représentatifs des forces politiques et civiles du pays qui remettra un projet de constitution amendée au Président par intérim. Ce projet sera soumis à référendum. Une fois la nouvelle constitution adoptée, des élections législatives puis présidentielles devront être organisées.
La durée totale de cette phase transitoire, pendant laquelle les pouvoirs exécutif et législatif seront détenus par le Président et le Premier ministre, devrait être de six à neuf mois.
Les Frères Musulmans ont dénoncé un « coup d’Etat ». Ils refusent, à ce stade, de participer à la transition et exigent le rétablissement de M. Morsi dans ses fonctions.
Comme d’autres responsables de la confrérie, l’ancien Président est détenu depuis le 3 juillet. Il est formellement inculpé pour « espionnage » et pour ses liens avec le Hamas, notamment lors de son évasion de prison en 2011.
Les violences survenues depuis le 30 juin à l’occasion des manifestations, pour certaines violemment réprimées par les forces de l’ordre, ont fait plusieurs centaines de morts. Par ailleurs, la situation sécuritaire dans le Sinaï s’est dégradée, la péninsule étant devenue le terrain d’une vague d’attentats terroristes[5].
2.2 Les conditions socio-économiques
La situation économique de l’Egypte en 2013 est dégradée. Le pays, qui a connu, jusqu’en 2011, une croissance soutenue, résultant pour partie du programme de réformes et d’ouverture engagé depuis 2004 pour moderniser l’économie du pays, a vu son taux de croissance baisser. L’investissement et le tourisme, secteurs les plus affectés par la révolution, éprouvent des difficultés à reprendre.
Le stock de réserves de devises a diminué de moitié depuis 2011, assurant à peine trois mois d’importations. L’agence de notation financière Standard and Poor’s a abaissé la note souveraine de l’Egypte en mai 2013 d’un cran, de “B-” à “CCC+”, soit en catégorie spéculative. L’Arabie, les Émirats arabes unis et le Koweït ont promis, début juillet, une aide cumulée de 12 Mds USD, sous forme de dons, de dépôts auprès de la banque centrale égyptienne et de contributions en produits pétroliers et gaziers.
L’Egypte est historiquement une grande puissance économique en Afrique, c’est notamment sous la présidence de Nasser qu’elle prend son envol puisqu’il est à l’origine de la nationalisation du Canal de Suez en 1956 ainsi que de la construction du haut barrage d’Assouan qui s’achève en 1970. Il parvient à se libérer de la tutelle britannique pour le Canal de Suez dans le but d’assurer le développement économique du pays et de subvenir à ses propres besoins énergétiques grâce au barrage.
Cependant le Printemps Arabe de 2011 est venu bouleverser la donne et a profondément affecté les principales ressources sur lesquelles reposait l’économie égyptienne, la mettant ainsi en grave difficulté.
En effet le tourisme, première ressource en devises du pays, et qui représentait 10% du PIB avant le Printemps Arabe employant 12% de la population, a subi de plein fouet les conséquences des soulèvements du peuple puisque le nombre de touristes est passé de 14,7 millions en 2010 à 9,5 millions en 2011, ce qui représente un énorme manque à gagner pour l’économie égyptienne. L’image de l’Egypte a souffert des répressions violentes qui eurent lieu en Egypte ces dernières années.
Autre pilier de l’économie en difficulté (3ème source de devise du pays après le tourisme et les transferts de fond des expatriés), le Canal de Suez, route maritime la plus rapide entre l’Asie et l’Europe, et l’Afrique du Nord et l’Asie, qui assure le trafic de produits pétroliers ainsi que de conteneurs, voit ses revenus (5 milliards par an environ) baisser du fait de la forte piraterie régnant dans le Golfe d’Aden et de la crise économique touchant la zone euro. En effet les trafics de marchandises (plus que 8% du commerce mondial), de pétrole brut (seulement 5% du commerce mondial) ainsi que de gaz naturel liquéfié (14% du commerce mondial) sont en baisse depuis 2008 et la crise économique qui a touché le monde entier.
Parmi les principales sources de revenu de l’Egypte, seuls les transferts de fond des expatriés, estimés à 19 milliards en 2012, n’ont pas connu de baisse dramatique, se maintenant au moins même niveau qu’avant 2011. Ceci s’explique notamment par l’importance qu’accorde l’Egypte à ses expatriés en leur permettant de voter aux dernières élections pour leur exprimer l’importance que leur accorde leur pays d’origine.
Malgré l’apport des expatriés, l’économie égyptienne n’en demeure pas moins en grande difficulté, en témoigne les propos d’un banquier occidental travaillant en Egypte qui d écrit « un pays sous perfusion qui s’effondrerait en quelques jours sans le soutien actuel des pays du Golfe ». En effet le pays évite la faillite grâce à l’aide apportée principalement par l’Arabie Saoudite (ainsi que le Koweït et les Emirats Arabes Unis) qui devrait s’élever à 12 milliards de dollars pour suppléer l’éventuelle interruption des aides américaines (soutien militaire d’1,3 milliards de dollars) et européennes. En effet ces derniers exercent une pression financière sur le gouvernement militaire égyptien pour protester contre l’utilisation de la violence face aux protestants. Notamment l’Union Européenne qui menace actuellement de suspendre son aide de 5 milliards d’euros prévue sur la période 2012-2014. Pour l’instant seule la fourniture d’armes et de matériels sécuritaires a été suspendue, même s’il semble peu probable de voir l’UE mettre ses menaces à exécution du fait de l’intérêt géostratégique de l’Egypte en terme d’équilibre dans la région et surtout à cause des 4,5 millions de barils transitent chaque jour par le Canal de Suez.
L’effondrement de ces principales sources de revenus et de devises pour l’économie égyptienne a eu pour conséquences de fortement impacter les indicateurs économiques du pays. En effet, aujourd’hui, tous les voyants sont au rouge, le gouvernement militaire est complètement impuissant face à la situation, dès lors, l’économie égyptienne qui aurait pu être un levier pour le redressement du pays s’est complètement effondrée, révélant à son tour l’impuissance du pouvoir économique en Egypte.
Premier indicateur en chute libre, les réserves de change. Elles ont littéralement fondu après le Printemps arabe, on note en effet une baisse de 65% depuis fin 2010. Elles atteignent fin janvier 2013 13,6 milliards de dollars contre 15 milliards en décembre 2012, signe de la rapidité de la baisse. Ce montant est par ailleurs qualifié de « minimum critique » de la part de la Banque Centrale égyptienne, puisqu’elles ne représentent que 3 mois d’importation. Rappelons notamment que l’Egypte se situe comme le premier importateur de céréales dans le monde et que son peuple avait déjà subi de plein fouet la pénurie de blé quelques mois auparavant (6 mois sans ordres).
Deuxième indicateur capital, la chute des IDE, qui sont passés de 13,2 milliards de dollars en 2008, à 2,1 milliards en 2012, signe de la non-attractivité de l’Egypte et de son manque de perspectives pour les investisseurs. Hors les IDE permettent à un pays de se développer et de faire grandir ses entreprises. Le nombre grandissant d’entreprises à l’arrêt en Egypte (environ 40 000, ce qui est considérable) est la conséquence de ce phénomène qui touche aussi de grandes multinationales telles que Shell, Electrolux ou encore General Motor.
Autre indicateur en baisse, la croissance économique. Le PIB n’a augmenté que d’1,8% entre 2011 et 2012 alors qu’il était de plus de 5% sur l’exercice précédent, ce qui est largement insuffisant pour le maintien de l’équilibre économique de l’Egypte et son développement.
Le chômage et l’inflation atteignent eux aussi des sommets (respectivement 18% et 13%) paralysant ainsi le pays et empêchant le peuple de travailler et de se nourrir correctement, facteurs qui l’ont mené à se soulever pour exiger ce qui leur devrait être dû naturellement. Les finances publiques sont aussi gravement endettées, preuve à la fois d’une mauvaise gestion de l’appareil politique et d’une crise économique et sociale sans précèdent en Egypte.
2.3 Les conflits internes
Le principal conflit interne en Egypte oppose l’armée aux partisans des frères musulmans. On assiste en effet à un bras de fer entre deux forces antagonistes, deux blocs bien distincts. Celui des Frères musulmans était majoritaire jusqu’ici, parce qu’il avait gagné les élections de juin 2012, grâce au ralliement d’un certain nombre de laïcs et de démocrates qui préféraient Morsi aux militaires. A cause de ses mesures liberticides, de sa volonté supposée de mettre en place une dictature islamiste, Mohamed Morsi a perdu leur soutien. Après la grande manifestation du 30 juin 2013, la plus importante dans l’histoire du pays, l’armée a déposé le président et la majorité a basculé dans l’autre camp.
Ainsi, la confrérie fondée par Hassan Al-Banna en 1928 à Ismaïlia traverse l’une des plus dures épreuves de son histoire. Ses vingt principaux dirigeants sont sous les verrous ; ses avoirs et ses biens sont sous séquestre ; 2 000 de ses militants, voire plus, ont été arrêtés ; et son association a été dissoute par la justice[6]. La campagne de « guerre contre le terrorisme », lancée par l’armée et le gouvernement intérimaire qu’elle a mis en place, vise non seulement à réprimer l’organisation, mais à l’éradiquer de la société égyptienne.
2.4 Les pressions ethniques
La minorité Copte en Egypte, minorité chrétienne qui représente 10 % de la population, a été régulièrement visée par des attaques au cours de ces dernières années. Elle n’a pas non plus été épargnée sous le gouvernement de Moubarak, mais elle paye aujourd’hui le soutien affiché du chef de l’Église copte, le pope Tawadros II d’Alexandrie, à l’auteur du coup d’état le 3 juillet contre Mohamed Morsi, le général al-Sissi. Les coptes payent donc le prix d’être solidaire avec tous les Égyptiens qui sont sortis dans les rues fin juin pour s’opposer au régime violent et totalitaire alors en place. Cela se traduit par le pillage des maisons pillées et incendiées, des agressions ou encore des saccages d’église.
2.4 Les conflits externes et pays voisins entraînant un risque potentiel
La question autour du partage des eaux du Nil ne s’est pas posée en Egypte depuis 1929. A cette date, les dix pays riverains du Nil ont signé un pacte qui accorde à l’Egypte la plus grande part des eaux du fleuve. Il lui donne également le droit de veto sur les projets hydrauliques entretenus par les pays en amont du Nil. En 1959, Nasser a orchestré un deuxième pacte avec le Soudan. Ce pacte accorde à l’Egypte 55 milliards m3 du total des 84 milliards de m3 des eaux du Nil. Ces deux pactes reflètent clairement la puissance de l’Egypte sur les autres états riverains ainsi que sa dépendance absolue sur les eaux du fleuve. Néanmoins, avec la « décrue » de son influence régionale, les états riverains contestent de plus en plus l’hégémonie égyptienne sur le fleuve.
Le 14 mai 2010, leur contestation a abouti à l’adoption du « pacte d’Entebbe » qui redistribue les eaux du Nil aux dépens des objections égyptiennes et soudanaises. La marginalisation de l’opposition égyptienne est effectivement une preuve que la situation a changé autour du bassin. L’Egypte a perdu sa position de leader et les autres pays riverains ne craignent plus sa réaction.
Tout au long des négociations, les responsables égyptiens ont affirmé que la reconsidération des privilèges égyptiens sur le Nil était hors de question. En effet, le Caire s’inquiète de l’impact du barrage « Grande Renaissance », prévu par l’Ethiopie en 2017, sur ses ressources en eau. Depuis des décennies l’exploitation du Nil fait l’objet de crispations entre l’Egypte et le Soudan d’une part et les huit autres pays riverains d’autre part. Les états peinent à s’entendre sur les accords qui régissent les eaux du fleuve. Ainsi, l’Egypte a accusé l’Ethiopie d’avoir violé le droit international puisqu’il prive l’Egypte de ses « droits historiques » sur le fleuve. Mais ces réactions n’ont pas empêché cinq des dix pays riverains de signer le « pacte d’Entebbe » qui rejette particulièrement le droit de véto accordé à l’Egypte concernant les projets d’infrastructures situés en amont du fleuve. De plus, cet accord prévoit qu’aucun état ne peut ni exercer d’hégémonie sur les eaux du Nil et leur utilisation, ni revendiquer de droit exclusif.
Par conséquent, les responsables égyptiens ont multiplié les rencontres avec leurs homologues dans les pays pour négocier l’abandon du projet qui priverait l’Egypte d’une grande partie des eaux du Nil. Néanmoins, le principal défi reste l’Ethiopie car c’est le pays possédant les rapports les plus complexes avec Le Caire. C’est de ce pays que 85% des eaux du « Nil égyptien » proviennent. Cependant, il parait difficile que le président Ethiopien, Mulatu Teshome, renonce à un projet de plus de 3 milliards d’euros qui doterait l’Ethiopie du barrage le plus puissant d’Afrique et qui lui permettrait de devenir le premier producteur d’électricité du continent.
2.6 Le niveau de corruption
L’Egypte s’est enfoncée dans la corruption au cours de l’année écoulée et le “Printemps arabe” qui a touché le Maghreb n’a pas encore fait sentir ses effets en faveur d’une moralisation de la vie publique, indique Transparency International[7].
Dans son index annuel sur l’état de la corruption dans le monde, l’organisation note que l’Egypte a perdu six places au classement pour se retrouver en 118ème position sur 176 pays observés.
Transparency International souligne que le niveau de corruption reste élevé dans le plus peuplé des Etats arabes avec des cas d’abus de pouvoir et une pratique d’accords secrets.
La corruption, qu’elle s’exerce à un petit niveau ou à une grande échelle, avait été l’un des thèmes des manifestations de la place Tahrir à l’origine de la chute d’Hosni Moubarak en février 2011.
Loin de se résorber comme l’espérait l’homme de la rue, la petite corruption s’est aggravée depuis la chute du raïs en raison du manque de rigueur dans l’application du droit.
Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement, avait promis d’engager une lutte contre le phénomène au sein de la fonction publique, notamment dans la passation d’accords entre l’Etat et des entreprises.
Certains ont accueilli cette promesse comme la menace d’une remise en cause des accords conclus de bonne foi par le gouvernement de Moubarak auprès des investisseurs, craignant qu’elle aboutisse seulement au remplacement d’une élite par une autre.
Certains dirigeants notent toutefois que les signes les plus visibles de la corruption se sont estompés dans certains secteurs d’activité, un nouveau sentiment de responsabilité émergeant avec la transition démocratique.
2.7 Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme
Des manifestations et des violences d’une ampleur inédite ont eu lieu depuis le 30 juin dernier, au Caire et dans la plupart des villes de province. Ces incidents ont causé la mort de dizaines de personnes et fait des centaines de blessés.
Depuis la fin du mois d’août, les violences ont diminué sans pour autant disparaître. La situation reste donc instable dans le pays.
La situation dans le Sinaï reste particulièrement préoccupante. Les autorités égyptiennes ont lancé des opérations de traque de cellules terroristes qui donnent lieu, de manière récurrente, à des affrontements. Certains groupes extrémistes ont, de leur côté, multiplié les actions terroristes contre les forces de l’ordre. L’essentiel de ces violences graves ont lieu dans la partie nord du Sinaï.
Le dernier attentat visant des ressortissants étrangers a eu lieu au Caire en 2009. Le 1er janvier 2011, un attentat suicide a frappé une église copte d’Alexandrie, dans un quartier très populaire, faisant de nombreuses victimes égyptiennes. Le 25 octobre 2012, une cellule terroriste a été démantelée par les services de sécurité égyptiens. Dès lors, et compte tenu du contexte égyptien et régional actuel, il convient de considérer que la menace terroriste existe en Egypte, comme dans de nombreux pays du monde.
La “révolution du 25 janvier” a conduit à la remise en cause fondamentale de la police en Egypte. La mise sur pied d’un dispositif crédible et légitime sera lente, de même que l’adaptation à la nouvelle réalité égyptienne. Ce changement de référentiel est propice à l’apparition et au développement d’une délinquance nouvelle (vols à l’arraché), y compris de la criminalité organisée (vols à main armée en série), ainsi que de certaines formes d’incivilité.
Source : France Diplomatie
3 Une évaluation des risques économiques et financiers
– Le PIB du pays : 231,9 Mds US$ (2011)
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (2011) :
- agriculture : 31.6%
- industrie : 23%
- services : 45.3%
– Le PIB par habitant : 2922 US$ (2011)
– Le taux de croissance du PIB : 1,2% (5,9% avant la révolution)
– Le taux d’inflation annuel: 13,5%[8]
– Le solde budgétaire (en % du PIB) : -13% du PIB (2012)
– Le solde courant (en % du PIB) : déficit de 8,1 Mds US$ (2012)
- Principaux clients (part de marché) : Italie (8,4%) ; Espagne (6,2%) ; Arabie saoudite (5,9%) ; Etats-Unis (5,9%) ; Inde (4,7%)
- Principaux fournisseurs : Etats-Unis (9,4%) ; Chine (9,2%) ; Allemagne (7,6%) ; Italie (5,6%) ; Arabie saoudite (4,0%).
– La dette externe (en % du PIB) : 21% (2013)
– Taux de change : 1 (EUR) = 9,44 livre égyptienne (EGP) le 11/12/2013
4 Une évaluation des risques géographiques et environnementaux :
4.1 Les risques sismiques et géologiques
Le pays est situé dans une zone d’activité sismique. En effet, situé au bout de la plaque africaine, à l’intersection de la plaque arabique à l’est, l’Egypte a subi de nombreux tremblements de terre destructeurs au cours de son histoire liés aux mouvements tectoniques. En 365 un tremblement de terre tua 50 000 personnes à Alexandrie. De même, au Caire, le 12 octobre 1992, un séisme de 5,9 sur l’échelle de Richter fit 552 victimes. Il était dû à intersection d’une multitude de petites plaques tectoniques et aux jeux des réseaux de failles qui en résultent.
Par ailleurs, l’Egypte doit également faire face à d’autres risques naturels tels que les sécheresses périodiques, les inondations soudaines, les glissements de terrains, les tempêtes chaudes appelées khamsin survenant au printemps ou encore les tempêtes de poussière et les tempêtes de sable.
En matière d’environnement les risques pour l’Egypte sont liés à la diminution des terres agricoles à cause de l’urbanisation et du sable déplacé par le vent ; la salinisation croissante du sol en-dessous de Aswan High Dam ; la désertification ; la pollution de pétrole menaçant les récifs coralliens, les plages et les habitats marins ; les eaux sont également polluées par les pesticides agricoles. Enfin, loin du Nil, les ressources naturelles d’eau douce sont très limitées. Le Nil est la seule source d’eau perpétuelle.
4.2 Les risques sanitaires et épidémiques
Les risques sanitaires et épidémiques sont relativement peu nombreux en Egypte. Nous pouvons néanmoins distinguer certaines maladies, notamment virales, qui sont transmises par des piqûres d’insectes.
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5 Une évaluation du Hard power du pays
5.1 Pouvoir militaire réel
Le pouvoir militaire en Egypte est relativement puissant. Selon le classement Global Fire Power de 2013, l’armée égyptienne est la première armée du continent africain en nombre. Le prestige militaire du pays s’appuie surtout sur le fait que l’Egypte soit le seul Etat arabe ayant récupéré l’intégralité de ses territoires occupés en 1967 par Israël. Entre 2000 et 2009 elle comptait 438.500 soldats. (Cf. Données ci-après)
Cependant, l’armée égyptienne est tributaire de l’aide américaine car 80% du matériel de l’armée est financer par les Etats-Unis.
Depuis la destitution du président Mohamed Morsi, le 3 juillet, et la répression qui s’est ensuivie, l’administration Obama est sous pression pour réduire l’aide versée chaque année au Caire. Les Etats-Unis n’ont jamais qualifié le renversement de M. Morsi de “coup d’Etat” car cela les aurait légalement contraint à mettre fin à leur aide. Mais ils ont condamné une répression “lamentable”, réclamé la levée de l’état d’urgence, qui a été prolongé de deux mois à la mi-septembre, et appelé à des élections démocratiques en 2014.
Ainsi, les Etats-Unis ont annoncé, courant octobre 2013, qu’ils “recalibraient” leur aide à l’Egypte en suspendant notamment la livraison d’hélicoptères Apache, de missiles et de pièces de chars d’assaut. Washington gèle sa fourniture de gros matériels militaires et son assistance financière en « attendant des progrès crédibles vers un gouvernement civil démocratiquement élu »[9].
Ces armements dont Washington prive l’Egypte valent “des centaines de millions de dollars”, même si les responsables américains n’ont pas voulu chiffrer le manque à gagner pour l’armée égyptienne. Jusqu’ici, l’aide militaire américaine représentait 1,3 milliard de dollars chaque année, auxquels s’ajoutaient 250 millions d’aide économique. En revanche, la formation d’officiers égyptiens aux Etats-Unis se poursuivra.
Par ailleurs, l’armée pèse entre 25% et 30% du PIB égyptien. Cela regroupe des avoirs et des activités économiques très hétéroclites. L’armée est présente dans plusieurs activités. Cela inclue l’activité agroalimentaire, la boulangerie industrielle, l’hôtellerie mais c’est aussi un embryon d’industrie de défense, de l’armement. Car au-delà du secteur de l’armement que l’Etat égyptien avait décidé de développer dès l’ère Nasser pour accroître son indépendance, l’armée a également décidé de diversifier son activité économique pour s’étendre clairement dans le domaine civil. Elle possède ainsi un certain nombre d’entreprises et d’usines. Selon certains experts, le seul secteur de l’industrie militaire représenterait près de 10% de l’emploi en Egypte. Si l’on y ajoute les activités civiles imputables à l’armée, ce serait près d’un Egyptien sur cinq qui travaillerait directement ou indirectement pour elle. Son chiffre d’affaires global s’élèverait à près de 5 milliards de dollars.
L’armée égyptienne est donc un véritable acteur économique qui crée de la richesse, qui consomme des ressources, qui paie des salaires. L’armée n’est pas qu’un acteur politique, c’est également un acteur économique de taille.
5.2 Poids du pays dans les institutions internationales
Les conflits internes en Egypte empêchent le pays d’avoir un poids significatif sur la scène internationale. On observe plutôt l’effet inverse dans la mesure où l’ONU par exemple condamne le pays « dans les termes les plus fermes » pour les violences au Caire et « déplore que les autorités égyptiennes aient choisi d’utiliser la force »[10]. Les États-Unis ont condamné «avec fermeté» les violences et Barack Obama a estimé que le pays est engagé «sur un chemin dangereux» et a annoncé l’annulation de manœuvres militaires conjointes avec Le Caire. L’Egypte ne semble donc pas aujourd’hui jouer un rôle proactif sur la scène international car le pays doit avant tout résoudre les conflits internes.
Il en est de même au niveau régional. Prenons l’exemple du conflit autour du partage des eaux du Nil. L’Egypte n’y est plus dans une position hégémonique et les autres pays riverains ne craignent plus sa réaction. (Cf. Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel)
Certains postulent que l’Egypte n’assume plus le rôle d’une puissance régionale dans la résolution des nombreux conflits de la région et dans le leadership des Etats arabes face aux Etats-Unis, à Israël et à l’Iran. D’autres affirment que les évolutions de la structure politique, économique et sociale du Moyen-Orient ont neutralisé la puissance régionale égyptienne. « La réactivité et la stérilité actuelles de la politique régionale égyptienne sont des preuves que les uns et les autres ont plutôt raison »[11].
5.3 Technologie et innovation
Les moyens et les infrastructures en matière de Recherche et Développement (R&D) sont peu développés et les activités de R&D des entreprises sont peu importantes (aucune donnée fiable n’est disponible). Le nombre relatif de brevets est également très faible. Les entreprises ont tendance à innover en adaptant les technologies importées et en absorbant les connaissances étrangères via la collaboration internationale. En Égypte, 39 %[12] des articles scientifiques et 24 % des demandes de brevets sont le fruit d’une coopération avec des partenaires étrangers.
Les orientations en matière de R&D ont subi d’importants changements depuis 2007 : création du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui élabore la politique en matière de recherche ; création du Conseil supérieur pour la science et la technologie, un organe consultatif intervenant dans le cadre de la définition de la stratégie et des priorités de R&D ; restructuration de l’Académie de la recherche scientifique et de la technologie (ASRT), désormais chargée d’élaborer des conseils et de l’évaluation etc.
L’intensification de la collaboration avec les économies développées dans le domaine de la science et de la recherche est l’une des priorités de la stratégie de l’Égypte. Le Programme pour la RDI a été lancé en 2007 moyennant une subvention de l’Union européenne de 13.4 millions USD afin de stimuler les liens entre l’industrie et l’université, mais aussi de faciliter l’intégration du pays dans l’Espace européen de la recherche via sa participation au 7ème « Programme-cadre ».
L’Égypte a également signé des accords bilatéraux pour le financement de projets de recherche conjoints et de programmes de mobilité (par exemple, le Fonds de recherche Égypte-Allemagne, GERF, ou le Fonds commun Égypte/États-Unis pour la science et la technologie). Des bourses ont par ailleurs été créées pour attirer en Égypte des chercheurs hautement qualifiés, étrangers ou expatriés d’origine égyptienne.
Outre le fait qu’elle souffre d’une grave pénurie d’eau, l’Égypte est menacée de désertification et d’une dégradation irréversible de ses sols. Le développement d’énergies nouvelles et renouvelables et la remise en question de la dépendance pétrolière actuelle ont été élevés au rang de priorités de l’action nationale en matière de R&D. Une stratégie a été adoptée en 2008 pour diversifier la production d’énergie et accroître la consommation d’énergie renouvelable, en particulier d’origine éolienne.
6 Une évaluation du Soft power du pays
6.1 Reconnaissance culturelle
Culturellement, l’Egypte est un « phare culturel »[13] pour le monde arabo-musulman. L’université islamique d’Al-Azhar est la deuxième université la plus ancienne du monde musulman, datant du Xème siècle. Elle accueille dans ses 64 facultés 20.000 étudiants arabes et étrangers. Les universités du Caire et d’Alexandrie, établies en 1908 et 1938 respectivement, étaient pour plusieurs décennies un lieu de formation de l’élite arabe. L’Egypte possède aussi la fondation Al-Ahram qui est l’une des fondations journalistiques les plus anciennes du monde arabe puisque sa création remonte à 1875.
Au niveau de la culture populaire arabe (pop culture), l’Egypte continue à produire le plus grand nombre de films arabophones distribués à travers la région. Entre 1908 et 1998, les trois quarts du total des films produits dans le monde arabe ont été des films égyptiens[14]. Elle reste le premier Etat arabe et même le seul dont quatre ressortissants ont reçu le prestigieux prix Nobel.
Après les interruptions de tournages durant la révolution égyptienne de 2011, de nombreuses productions sont paralysées, devant les incertitudes économiques et sur les changements de goûts du public. De nombreux projets de films sur la révolution se montent très rapidement. L’épuration agite aussi le milieu du cinéma. Des listes noires circulent, pour exclure les artistes auxquels sont reprochés leur opposition à la révolution du 25 janvier 2011ou tout simplement leur proximité avec le pouvoir.
Néanmoins, la production culturelle égyptienne, qu’elle soit audiovisuelle ou littéraire, continue à être un outil principal du soft power égyptien dans le monde arabe[15].
Conclusion
Certes, l’Egypte dispose de certains piliers sur lesquels elle fonde sa puissance. Grâce à sa situation géographique, elle est au carrefour des grandes routes maritimes et aériennes internationales reliant trois continents : l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Elle ne peut ainsi être isolée des interactions ayant lieu entre ces trois espaces ainsi qu’en leur sein. Le Caire contrôle l’une des voies maritimes les plus stratégiques au monde, le Canal de Suez. Grâce à cette situation géographique, l’Egypte prétend toujours être un « pont » entre les Arabes et le monde. La dernière illustration de ce statut a été le choix de l’Egypte comme première co-présidente de l’Union pour la Méditerranée en 2008 et comme candidate au siège permanent de l’Afrique si le Conseil de Sécurité des Nations unies se trouvait réformé.
Démographiquement, même si l’Egypte souffre d’une crise économique persistante à cause de son surpeuplement, son marché de plus de 75 millions de consommateurs en fait un pôle qui attire les investisseurs arabes et étrangers. En fait, un arabe sur quatre est égyptien. Avec le développement précoce de l’éducation en Egypte, cette démographie a permis une exportation de millions de cadres et de la main d’œuvre qualifiée à travers le monde arabe.
Cette démographie lui permet également de détenir l’armée active la plus grande de la région avec 450.000 hommes. Ce chiffre place l’Egypte à la 11ème position des plus grandes armées actives au monde Militairement, l’Egypte est la première puissance militaire du monde arabe, la deuxième du Moyen-Orient (classé comme la région la plus militarisée du monde) et la première puissance militaire en Afrique (la deuxième région la plus militarisée du monde). Le prestige militaire du pays s’appuie surtout sur le fait que l’Egypte soit le seul Etat arabe ayant récupéré l’intégralité de ses territoires occupés en 1967 par Israël.
Sur le terrain arabe, la puissance économique et technologique de l’Egypte est dépassée de loin par les Etats du Golfe ainsi que par des Etats non-pétroliers tels que le Maroc et la Tunisie. La puissance régionale de l’Egypte doit désormais se comparer et rivaliser avec les puissances non-arabes qui ont pénétré dans les espaces politique, économique, stratégique et transnationaux arabes. L’influence de ces puissances dépasse même celle de l’Egypte dans certains de ces espaces. D’une part, la superpuissance américaine exerce une pénétration inégalée dans les espaces politiques, économiques et stratégiques arabes. D’autre part, l’Iran et la Turquie sont devenus des acteurs importants dans les relations internationales arabes[16].
A ces facteurs s’ajoute l’instabilité nationale du régime politique égyptien qui a porté atteinte au rayonnement régional du pays. La puissance souple (le soft power) n’est également plus un monopole égyptien dans le monde arabe.
SWOT EGYPTE
Strenghts
– Ressources diversifiées : Canal de Suez, Gaz, Tourisme. – Position géostratégique de l’Egypte car le pays est au carrefour des grandes routes maritimes et aériennes internationales reliant trois continents : l’Europe, l’Afrique et l’Asie – Soft Power : l’Egypte est le « phare culturel » du monde arabe
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Weaknesses
– Instabilité politique et conflits en interne – Finances publiques en crise – Répercussion sur le tourisme – Pauvreté (40% de la population) et chômage (13%) – Corruption – Omniprésence du pouvoir militaire |
Opportunities
– Soutien financier des monarchies du Golfe et des Etats-Unis. – Opportunités pour les entreprises étrangères d’investir en Egypte
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Threats
– Le débat quant au partage des eaux du Nil – Environnement géopolitique instable – Les coupes budgétaires des aides attribuées par les Etats-Unis
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[1] Selon France Diplomatie
[3] Selon les données de la Banque Mondiale
[4] PNUD – Rapport mondial sur le développement 2013
[5] http://www.diplomatie.gouv.fr
[6] « Frères Musulmans : retour à la clandestinité », Christophe Ayad, Le Monde, 07/11/2013
[7] « L’Egypte s’enfonce dans la corruption », par Erik Kirschbaum, Le Nouvel Observateur, 2012.
[9] « Les Etats-Unis recalibrent leur aide militaire à l’Egypte », Le Monde, le 10/10/2013
[10] Egypte : l’ONU condamne les violences, Le Figaro, 14/08/2013
[11] « L’Egypte est-elle encore une puissance régionale ? », par Yasmine Farouk, L’Harmattan Confluences Méditerranée, 2010/4 – N°75, pages 213 à 224.
[12] Science, Technologie et Industrie : perspectives de l’OCDE 2012
[13] Al-Ibrahimi Rym, Ayad Christophe & Bedar Saida, « Egypte : à la reconquête d’un rôle perdu » in Arabies, vol. 45, (Septembre) 1990/1991, p. 20.
[14] Farid Samir, « Lights, Camera… Retrospection » in Al-Ahram Weekly, 30/12/1999.
[15] « L’Egypte est-elle encore une puissance régionale ? », par Yasmine Farouk, L’Harmattan Confluences Méditerranée, 2010/4 – N°75, pages 213 à 224.
[16] « L’Egypte est-elle encore une puissance régionale ? », par Yasmine Farouk, L’Harmattan Confluences Méditerranée, 2010/4 – N°75, pages 213 à 224.
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