Le développement de la Chine est-il un danger pour l’Occident ?

La Chine est l’une des plus anciennes civilisations du monde. Depuis 4000 ans, de nombreuses dynasties se sont succédées et la dynastie Qin a unifié la Chine sous une même langue : le mandarin. La civilisation chinoise a été construite autour de nombreuses croyances et de rites tels que le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme. On peut alors parler d’une grande nation chinoise possédant une histoire, une langue et une très forte culture.
Après la défaite des deux guerres de l’opium (1839 et 1856), la Chine est humiliée, occupée et asservie par les Occidentaux durant un siècle. En 1949, Mao Ze Dong, premier dirigeant de la République Populaire de Chine, chasse les nationalistes qui se réfugient sur l’île de Taiwan. La Chine se détache peu à peu de l’occupation occidentale et noue un désir de revanche en tentant de s’affirmer sur la scène mondiale actuelle.
Après une longue période d’autarcie, en 1978, le président Deng Xiaoping reprend le pouvoir et ouvre l’économie du pays vers l’extérieur. Dès lors, la Chine connaît une croissance fulgurante contre toutes attentes occidentales. De ce fait, cet accroissement va permettre à la Chine de renforcer son influence sur la scène mondiale, d’un point de vue économique, géopolitique et militaire. Aujourd’hui, la croissance économique de la Chine est d’environ 7% en 2015 (Les Echos data, 2015). L’Occident pourrait ainsi voir ce développement comme une possible future intention de nuire, et considérer la Chine comme une menace.
Malgré une évolution tardive, la montée en puissance de la Chine pourrait-elle remettre en cause l’hégémonie occidentale ?

La Chine, un pays toujours en développement

 

De fortes inégalités socio-économiques

Avant les années 1980, les populations vivaient sur un certain pied d’égalité (notamment du fait du communisme), mais pendant la période de croissance rapide, de fortes inégalités se sont créées, particulièrement dans l’accroissement et dans la distribution des revenus. Une classe très aisée a fait son apparition, creusant le fossé entre les classes sociales. Un clivage s’est formé entre les villes et les campagnes, où le développement économique est très restreint (Le Figaro, 2013).
L’exode rural est actuellement très présent. Malgré de forte restrictions à cause du Huko (carte de résidence), les populations cherchent un meilleur avenir dans les villes portuaires et côtières (qui sont le cœur de l’expansion économique chinoise), et représente 39% de la main-d’œuvre (OCDE, 2010). Par ailleurs, ces derniers n’ont pas accès aux avantages urbains, entrainant ainsi des conditions de vie misérables.
Durant les années 1980, l’indice de Gini en Chine était de 0,29 alors qu’en 2010, il était de 0,421 (World Bank Data, 2013). Au fil des années, la Chine tend de plus en plus à devenir un pays développé, sortant petit à petit de son statut de « pays en développement ».
De plus, malgré son PIB Global de 10 360 milliards $ qui lui a valu la 2e place de puissance économique mondiale en 2014, le PIB par habitant reste très faible (7 589$/ha) (World Bank Data, 2014).
La Chine contrôle actuellement sa croissance démographique avec la politique de l’enfant unique. Cette politique suscite des tensions à cause des sanctions mises en place en cas de non-respect de cette politique. L’importance d’un enfant de sexe masculin a entrainé un grand déséquilibre entre le nombre d’hommes et de femmes.
D’autres facteurs internes font surface et peuvent contribuer à renforcer cette inégalité socio-économique que la Chine connaît actuellement.

Une politique intérieure instable

En Chine, une forte dualité entre le centre et les périphéries est présente. Le centre est un lieu de concentration de population, de richesse, d’informations, de pouvoirs de décisions et d’innovation. Les périphéries dépendent d’eux-mêmes et sont en partie autonomes.
Environ 92% de la population chinoise sont des Hans et 8% font partis des 55 minorités ethniques reconnues en Chine (Gov.uk, 2015). Le gouvernement chinois a accordé une autonomie accrue à cinq régions peuplées par des minorités ethniques. Etant donné que l’État chinois prône l’unité nationale, toute demande d’indépendance sera refusée et fortement réprimée par un recours à la violence. En 2008, une forte répression au Tibet par l’armée chinoise a été recensée, ainsi que dans la région du Xinjiang depuis les années 2013.
Le Tibet et la région du Xinjiang sont des régions géopolitiques et militaires très importantes (hauteur stratégique, présence d’hydrocarbures et frontières avec la Russie et le Moyen-Orient). Les Ouigours, d’origine turque et de tradition musulmane, souhaitent se détacher de la République Populaire de Chine pour faire du Xinjiang une région indépendante. Une petite partie de la population se tourne vers des mouvements séparatistes islamistes comme le « Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO) », groupe qui serait lié à Al-Qaïda. Ces derniers affirment leur mécontentement face au refus d’indépendance par Pékin à travers de nombreux attentats en Chine (Gov.uk, 2015). La région du Xinjiang est actuellement une zone tumultueuse que Pékin garde sous contrôle par une forte présence militaire dans la région.
Aujourd’hui, la corruption en Chine pose problème. La mise en place d’une politique efficace pour la distribution des ressources est certainement freinée par ce phénomène. Beaucoup d’hommes politiques et de fonctionnaires profitent de leur statut et de leur pouvoir régalien afin d’exercer de nombreux abus de pouvoir et de s’enrichir au préjudice de la population.
Cependant, un plan anti-corruption se met en place grâce par l’initiative du président Xi Jinping et qui a déjà contribué à l’arrestation de l’ex ministre de la sécurité publique chinoise en avril 2015 (Le Monde 2015). Les enquêtes dans le milieu administratif, au sein du gouvernement et les contrôles dans les entreprises sont en prévision, afin de lutter contre la corruption.
Le Parti Communiste est le seul et unique parti en Chine. Des mesures drastiques sont mises en place pour contrôler l’information (radio, télévision, internet), afin de bloquer d’éventuelles vagues de propagande autres que celles du Parti Communiste. De nombreux réseaux sociaux, de sites internet, de films et de chaines de télévisions sont censurés (par exemple, impossibilité d’ouvrir un questionnaire Google en Chine). La liberté d’expression y est également très faible. Les manifestations sont strictement interdites et peuvent être réprimées par le recours à la violence. En 2014, durant les manifestations de la « Révolution parapluies » à Hong Kong, de nombreuses violences policières ont été recensées. Le respect des droits de l’Homme en Chine reste un sujet délicat.
Malgré des inégalités socio-économiques fortement présentes et une politique intérieure instable, la Chine est néanmoins un acteur déterminant au niveau mondial.

Un acteur de niveau mondial

 

Une présence dans les instances internationales et de nombreuses alliances économiques

Depuis de nombreuses années la Chine figure parmi les nations les plus influentes au niveau international et régional.
En plus de faire partie du G20 (en réponse aux crises financières qui ont frappé les pays émergents à la fin des années 1990), la Chine populaire est devenue membre permanent du Conseil de Sécurité́ des Nations Unies (ONU) en 1971 à côté des Etats-Unis, de la Russie, de la France et de la Grande Bretagne, symbolisant son influence croissante sur la scène internationale (ONU, 2015).
Puissance exportatrice majeure, la Chine devient membre de l’OMC le 11 décembre 2001 (OMC, 2015). Pékin a rempli ses engagements : baisse de ses droits de douane, élargissement de ses quotas d’importations agricoles, ouverture du secteur des services aux investisseurs étrangers. La Chine est un atelier, mais un marché aussi. Elle est devenue le premier exportateur mondial et le deuxième importateur en 2011: ses échanges commerciaux ont été multipliés par cinq, dans les deux sens (Le Monde, 2011).
Le pays a intégré en 1991 la coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) qui regroupe des pays comme le Canada, le Japon, les Etats-Unis et l’Australie qui se réunissent chaque année. En 1996, s’instaure le dialogue Europe-Asie (ASEM) est un cadre informel de dialogue permettant d’aborder tous les sujets (politique, économique, financier, autres coopérations) et qui rassemble aujourd’hui la quasi-totalité de l’Europe et de l’Asie-Océanie (France diplomatie, 2014).
De plus, depuis 1997, la Chine prend également part aux sommets de l’ASEAN qui s’est progressivement transformée en ASEAN + 3 (Corée du Sud et Japon) (ASEAN, 2015). Elle a également conclu des accords commerciaux régionaux (ACR – zone de libre-échange) en 2010 qui facilitent le développement des échanges commerciaux entre les différents pays, il s’agit de l’ASEAN – China Free Trade Area (troisième zone en termes de PIB) (International Centre for trade and Sustainable Development, 2009).
Autre forme de partenariat, il est important de citer que la Chine a également officialisé avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde et Afrique du Sud) la création d’une banque commune et d’un fonds de réserve appelé « la banque de développement », visant à s’affranchir de la tutelle du dollar et des institutions de Bretton Woods mises en place après la seconde guerre mondiale (Fonds monétaire international et Banque mondiale), ce qui accentue sa volonté de s’émanciper des puissances occidentales (Le Figaro, 2014).

Une dépendance chinoise ?

Le fait de voir la Chine parmi les nations les plus influentes du monde n’est pas anodin. Depuis les années 1980, sa croissance a battu tous les records et en a fait un partenaire indispensable au niveau international (1er importateur et exportateur mondial de marchandise en 2013) (OMC, 2014).
Selon l’économiste Marc Touati, malgré le ralentissement « logique » du taux de croissance chinois passé de 12 à 7% en quelques années, l’économie chinoise résistera car elle a de multiples réserves. En revanche, les conséquences pour l’économie mondiale et celle de la zone euro sont bien plus mitigées : « elles n’ont pas de marge de manœuvre » en cas de ralentissement de l’activité économique. Il cite « Depuis 10-15 ans, chaque année, environ 30 à 40% de la croissance mondiale provient de la Chine. (…) La zone euro est en danger ». La Chine a donc véritablement un rôle de moteur de croissance au niveau mondial (France 3, 2015).
Bien que dans l’immédiat l’Europe tire profit du ralentissement chinois (une moindre demande internationale d’hydrocarbures et de matières premières, entraine une baisse des prix), il faut craindre un ralentissement de nos exportations et une instabilité sur le marché des changes, voire une possible relance de la guerre des monnaies, comme on a pu le craindre lors de la baisse du yuan.
En parlant de ses réserves, en plus de détenir une part importante de la dette américaine, la Chine possède aujourd’hui plus de 3 550 milliards de $ de réserve de change malgré une perte de 90 mds de $ ces derniers mois (Les Echos, 2015).
Ces réserves ont été accumulées grâce aux opérations de sous-traitance entrainant de prodigieux profits pour les uns comme pour les autres. La désindustrialisation de l’Amérique du nord puis de l’Europe s’est faite progressivement et a favorisé la balance commerciale chinoise qui est devenue excédentaire à partir de 1990 (+382 457 k$ en 2014). Le yuan maintenu à un niveau sous-évalué permet au pays d’amplifier ses excédents commerciaux qui sont aussi des déficits pour les pays du G7. Ces déficits asphyxient en même temps l’activité et l’emploi dans ces pays.
Il n’y a aucune raison que cela cesse tant que le taux de change reste bas et si les Etats-Unis, ainsi que les autres pays ne prennent pas de mesures de protections (Brunet et Guichard, 2011).
Au vu de cette dépendance de plus en plus pesante, nous pouvons nous demander si la Chine représente une menace pour l’occident ?

La Chine une menace ?

 

Une concurrence « déloyale »

Comme cité précédemment, la Chine pratique la dévaluation de sa monnaie (le Yuan) afin de rester compétitif sur les marchés étrangers et ainsi favoriser ses exportations et sa balance commerciale. François Hollande a lui-même dénoncé une situation « déloyale » caractérisée par « des salaires inacceptablement bas et des monnaies artificiellement sous-évaluées ». Il souhaite une « réforme du système monétaire international », afin que « nous puissions avoir des échanges qui soient mieux équilibrés » (Le Figaro, 2012).
Au niveau environnemental, malgré la signature du protocole de Kyoto en 1998, la Chine est devenue le premier émetteur de gaz à effet de serre au monde en 2006. Grâce à son statut de pays en développement, elle ne fait pas partie des pays contraints à des quotas de réduction d’émission, et n’est donc soumise à aucune obligation formelle dans la lutte contre le changement climatique (économiepolitique.org, 2012).
L’insuffisance des contrôles et des réglementations en Chine conduit à l’exportation de produits dangereux. En 2012, 2 278 produits ont fait l’objet d’une alerte dans l’Union Européenne et plus de 55% provenaient de Chine (Le Monde, 2013).

L’offensive chinoise en Occident

Après l’Afrique, l’Océanie et l’Amérique latine, la Chine s’intéresse maintenant à l’Occident.
Ce qu’on appelle le « soft power », c’est la possibilité d’obtenir un résultat à travers la séduction et non la coercition. Cela reprend le jeu de Go qui consiste à neutraliser ses adversaires en contrôlant des territoires avec des moyens simples en évitant la confrontation directe.
Ce concept est repris en 2003 par Zheng Bijian (proche de l’ancien numéro un chinois Hu Jintao) qui parle de « progression pacifique » et plus récemment, en septembre 2015, par Xi Jinping lors du sommet pour la paix à l’ONU, affirmant que la Chine est là pour la paix (Ministry of Foreign Affairs of the People’s Republic of China, 2015).
L’étude de la Deutsche Bank nous informe que l’évolution du stock d’investissement chinois en Europe est passée de 6,1 mds à 27 mds d’euros entre 2010 et 2014 ; les crises économiques en sont en grande partie responsables. Les investissements chinois sont principalement orientés vers trois secteurs : le tourisme, l’immobilier et le transfert de technologie.
Un autre facteur important, favorisé par la diaspora chinoise, est le développement des instituts Confucius (600 établissements dans le monde avec un budget de annuel de 278 millions de $ en 2013). Ces instituts dispensent des cours de chinois, délivrent des diplômes de langues chinoises et participent à la diffusion de sa culture. C’est un outil prépondérant en Occident, qui depuis 10 ans a pris une ampleur considérable et qui fait la promotion du rêve chinois à l’international.
En plus des investissements, les gouvernements chinois et européens travaillent ensemble pour développer davantage de coopération. Bien évidemment, l’objectif pour la Chine est d’arriver à un traité de libre-échange qui lui ouvrirait en grand les portes européennes.
Il y a comme un sentiment de déséquilibre inversé qui se développe depuis quelques années en Occident. En effet, nous passons progressivement du « made in China au made by China ».

La stratégie géopolitique chinoise

Les conflits territoriaux en mer de Chine prennent de plus en plus d’ampleur en raison de nombreux enjeux stratégiques. L’essor économique de la Chine a renforcé ses ambitions commerciales, géopolitiques et militaires au niveau national et international. Les Etats-Unis, la Chine et le Japon, les trois puissances économiquement interdépendantes, sont donc aussi des rivaux stratégiques. Nous étudierons ces enjeux sous trois points : les revendications en mer de Chine, la stratégie du collier de perle et l’alliance avec la Russie.
Les îles Spartley et Paracel constituent un enjeu majeur en mer de Chine. Ces petites îles inhabitées représentent une immense zone maritime du fait de la dispersion des îlots. On parle ici des zones économiques exclusives ou l’Etat exerce des droits souverains sur une bande de 200 miles marins. Ces îles se situent sur une route maritime extrêmement fréquentée (1/3 du trafic mondial) (Picquard, 2013). De plus, la forte présence de ressources vivantes aquatiques, et de gaz dans cette zone (potentiel d’exploitation d’hydrocarbure de 17,7 milliards de tonnes) justifie donc un éventuel conflit futur. Etant donné que la souveraineté chinoise de ces îles est fortement contestée, le conflit semble inévitable.
Malgré le souhait des Etats-Unis de ne pas entrer en opposition, le gouvernement américain a déployé 320 000 soldats et déplacé 60% de sa flotte maritime dans la région (Picquard, 2013).
Les îles Senkaku, archipel situé entre Taiwan et le Japon seraient une source de souveraineté historique des deux pays. Ces îles ont une très grande importance stratégique à la fois politique et économique. Cet archipel est convoité pour ses côtes poissonneuses, pour ses possibles réserves d’hydrocarbures. De plus, de par leur position géographique, ces îles sont stratégiques pour le contrôle du passage des navires marchands ou de guerre (Picquard, 2013).
Le « collier de perles » est une stratégie de la Chine visant à s’appuyer sur un réseau de bases et de points d’appui afin de pérenniser son transport maritime et protéger ses intérêts économiques (Picquart, 2013). Pour le développer, la Chine a racheté ou loué des installations portuaires, ce qui a pour but d’étendre son contrôle économique et militaire sur la mer de Chine jusqu’au Moyen-Orient. Ces points d’appui développés à l’aide de la marine chinoise suscitent de fortes tensions avec les pays voisins, mais aussi avec l’Occident.
Le 16 octobre 1964, la première bombe atomique chinoise fut testée avec succès. La Chine possède environ 250 têtes nucléaires (Sipri YEARBOOK, 2013), et deux armes extrêmement modernes : le missile antisatellite et le missile anti porte-avion (Le Monde, 2015). Son budget militaire a augmenté de 10,1% en 2015, ce qui représente environ 127 milliards € en 2015, devant la Russie (75 milliards €) et derrière les Etats-Unis (560 milliards €).
En 1996, la Russie et la Chine ont progressé vers un « partenariat stratégique » et en 2001, ils ont signé un traité « d’amitié et de coopération ». Ces deux pays ont coopéré tant au niveau économique (création de la Nouvelle Banque de Développement, vente de matières premières) qu’au niveau militaire (la Russie a déjà vendu plusieurs navires de guerre et avions de chasse à la Chine).

Malgré son statut «  Pays en développement » à cause de ses inégalités socio-économiques et de sa politique intérieur instable, la Chine a une place forte et imposante dans les hautes instances mondiales. Partenaire économique, elle joue le rôle moteur de la croissance mondiale le tout en se développent militairement dans des espaces géographiques clés lui servant à sécuriser à la fois ses réserves en ressources naturelles et ses passages commerciaux.
L’importance du commerce extérieur dans la croissance empêche de discerner aujourd’hui le rôle déstabilisateur de la Chine dans les échanges mondiaux. La crise de la dette souveraine a permis de constater qu’il était illusoire de compter sur une quelconque bienveillance de la Chine. Il faut prendre acte que depuis les années 1990, ce pays a choisi la voie de l’affrontement géopolitique avec les pays occidentaux, qui s’est fortement accentué à partir de 2007 et qui se joue aujourd’hui sur les terrains commercial, économique, budgétaire, monétaire et financier.
Plutôt que de se débattre maladroitement avec des réformes qui aggravent la situation, l’Occident devrait abolir les privilèges dont s’est arrogé la Chine, notamment en 2001, en permettant à la Chine d’entrer à l’OMC sans aucune condition sur son taux de change (Brunet et Guichard, 2011).
Finalement, est ce que la vraie menace ne viendrait pas plutôt de la passivité des pays occidentaux voire même du libre-échange qui aujourd’hui semble se retourner contre nous ?

Rédacteurs : Baptiste PIRAUD & Clifford ZHU

La déstabilisation politique nigériane: État riche et pays pauvre

Introduction

« Incapables de stopper l’avancée des terroristes de Boko Haram en Afrique de l’Ouest, les autorités nigérianes ont récemment annoncé le report des élections présidentielles pour la fin mars » [1]. 1re puissance économique africaine, le Nigéria se représente comme un État riche avec une population des plus pauvre au monde[2]. Cette grande disparité entre la richesse de l’État et la pauvreté du pays est à l’origine de nombreux facteurs de déstabilisation politique. Afin de comprendre la situation actuelle du Nigéria, il convient de revenir sur quelques éléments clés nécessaires. Sur le plan ethnique, dans le Nord, vit le peuple commerçant et caravanier « Haoussa-Peuls » il représente 33 % de la population nigériane et leur langue Haoussa est parlée dans toute l’Afrique de l’Ouest. Dans le Sud ouest du Nigéria, se trouve les Yorubas l’une des premières civilisations urbaines africaines et forment 21 % de la population. Au Sud-Est, enfin, les Ibos sont des agriculteurs sédentaires et comptent pour 18 % de la population du pays. Ce sont les trois peuples majoritaires auxquels s’ajoutent près de 250 ethnies différentes pouvant aller à des millions d’individus pour les uns ou seulement à quelques milliers.

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Après son indépendance, le Nigéria, en 1960 se formait en 3 grands états dessinés en fonction de la culture agricole (arachide au Nord, cacao au Sud-Ouest et huile de palme au Sud-Est). Afin d’assurer une meilleure répartition politique, le nombre d’États fédérés ne cessera d’augmenter pour atteindre, en 1996, 36 états plus le territoire fédéral de la capitale Abuja. Depuis son indépendance, le Nigéria a connu 10 ans de régime civil et l’armée reste à la tête du pays pendant 28 ans.
Après la première crise pétrolière, le pétrole et le gaz deviennent les premières sources de vie du pays en remplaçant les ressources agricoles. En 2010, les revenus pétroliers représentent une véritable rente en formant presque 70 % du budget de l’État, mais 90 % des exportations[3]. Donc le pays est très dépendant de cette ressource. On a donc un pays riche, puisqu’il est passé devant l’Afrique du Sud en passant 1re puissance économique du continent. Cependant, ces habitants sont pauvres et exclus de la croissance du pays[4]. 70 % de la population vit avec moins de 1,25 $ par jour. Un tiers de la population est analphabète. Concernant l’IDH (espérance de vie), le Nord est beaucoup plus pauvre où les carences éducatives et sanitaires sont évidentes. Le grand écart entre la richesse et la prospérité du Sud et la pauvreté du nord de l’État ne cesse d’augmenter et la situation sanitaire et sociale se dégrade.

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Il s’agirait de voir en quoi les causes internes et les insatisfactions politiques du Nigéria ont-elles entrainé des mouvements de rébellions (1) qui agissent elles-mêmes à leur tour sur la politique du pays (2)? En quoi le cas nigérien illustre-t-il l’interaction réciproque qui opère entre violence et politique ?

Dans une première partie il sera présenté les principaux mouvements de rébellion et les facteurs motivants leurs actes de violence (I). Et d’autre part, il sera présenté l’impact de ces mouvements violents sur la politique du pays (II).

I- Les principales motivations des mouvements de rébellion du Nigéria

Deux mouvements de rébellion se détachent particulièrement dans l’État du Nigéria. Le premier concerne la situation dans le delta du Niger, dans le sud du pays. La prospérité des exploitations pétrolières qui enrichit l’Etat n’a, en revanche, pas amélioré les conditions de vie des populations locales. Au contraire, cela a favorisé la corruption, le clientélisme et la destruction des emplois dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture du fait de la pollution émanant des résidus de pétrole. Transparency international considère que, dans le domaine de la corruption, le Nigéria se trouve à la 136e place sur 175 pays notés. Le score relatif à la corruption de ce pays est de 27 soit un niveau de corruption intérieur très élevé[5]. En effet, dans le secteur pétrolier, les revenus sont parfois mal redistribués ou mal utilisés. Un des cas les plus concrets illustrant la situation de corruption au Nigéria est celui du Président Sani Abacha. En 2005, la Suisse a restitué au Nigéria 450 millions d’euros, que le président Abacha, mort au pouvoir en 1998, avait placés sur des comptes personnels à Genève, pendant sa gouvernance.

En réponse à ces carences politiques et économiques, le MEND, le Mouvement pour l’émancipation du détroit du Niger, a commencé au milieu des années 2000 une série d’attaques à l’encontre des installations pétrolières. Le MEND veut une meilleure répartition des revenus pétroliers, afin que celle-ci puisse bénéficier aux populations. Le 8 décembre 2006, « la principale organisation séparatiste de la région pétrolière du Delta du Niger, au Nigéria, a revendiqué une attaque contre les infrastructures d’AGIP dans l’État de Bayelsa et donné l’identité des trois ouvriers italiens et du Libanais pris en otage dans cette attaque » [6]. Le 16 novembre 2010, le MEND a affirmé avoir enlevé sept employés nigérians lors de l’attaque d’une plateforme du groupe américain ExxonMobil et a prévenu d’une action « majeure » prochainement[7]. De nombreux enlèvements ou sabotages des sites pétroliers au détroit du Niger se sont succédé. Face à cette violence, le gouvernement fédéral a fait appel à une combinaison des forces de police et de l’armée, la Joint Task Force. Des accords d’amnistie ont été signés entre les militants et le gouvernement fédéral, mais les attaques perdurent de manière sporadique. De leurs côtés les compagnies pétrolières poursuivent leurs activités d’exploration et d’exploitations de plus en plus vers l’off-shore qui est moins exposé aux menaces terroristes.

Le deuxième facteur d’instabilité est lui, religieux. La fédération nigériane se trouve sur la ligne de contact des deux grandes religions monothéistes. Le nord du pays est peuplé de 40 à 45 % de musulmans et le christianisme qui situe plutôt au Sud compte environ 40 % de chrétien, dont 25 % de protestant. L’Islam au Nord et le Christianisme au Sud se retrouvent en contact dans une zone appelée la « Middle Belt » située au centre du pays. Toutefois, ce découpage n’est pas aussi simple et les animistes représentent environ 15 % de la population.

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On constate une progression de l’islam dans les Etats Yoruba dans le Sud Ouest tandis que certaines régions du Nord comptent des minorités chrétiennes. Mais la cohabitation entre les deux religions n’est pas tout le temps évidente. Certains Etats du Nord appliquent la Charia et en 1999, les 12 États du Nord, représentés en noir sur la carte, ont décidé d’étendre le droit coranique vers le droit pénal, néanmoins elle n’a pas été appliquée dans tous les États fédérés avec la même rigueur.

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En réponse à ce phénomène, il est fondé en 2002, à Maiduguri, le mouvement « Boko Haram », une secte militant pour une répartition égalitaire et stricte de la charia et pour une moralisation de la vie politique nigériane. Ces membres entrent en conflit armé avec le gouvernement dès 2003 et la répression étatique ainsi que la mort de Mohamed Youssouf, le fondateur de la secte, ont déclenché la radicalisation du mouvement et la multiplication des attentats suicides et des assassinats à l’encontre des symboles étatiques et internationaux. L’enlèvement de 276 adolescentes scolarisées au lycée de Chibok, dans l’État de Borno (Nord-Est du Nigéria), le 14 avril 2014 par le groupe islamiste Boko Haram a déclenché une réaction internationale d’envergure.

La violence est définie de la manière suivante par Nieburg in « Political violence, the behavioral process 2 » : « des actes de désorganisation, destructions, blessures dont l’objet, le choix des cibles ou des victimes, les circonstances, l’exécution et/ou les effets acquièrent une signification politique, c’est-à-dire tendent à modifier le comportement d’autrui dans une situation de marchandage qui a des conséquences sur le système social ». Il retire alors de cette définition trois types de violence, la violence d’État, la violence protestataire et la violence intersociale. Le cas des violences au Nigeria semble donc s’inscrire dans un amalgame entre plusieurs de ces catégories.

II- L’impact des mouvements violents du pays sur la politique : le cas de Boko Haram

La notion « islam » est dérivée du terme aslama signifiant « soumission » [8]. Une double soumission est requise, celle de l’individu à Allah, et celle aux lois instaurées par le prophète Mahomet au nom d’Allah. Dès lors, cette obéissance a une vertue spirituelle, mais aussi politique. Idéalement, dans les sociétés musulmanes, la séparation du religieux et du politique n’est pas instituée. La parole de Dieu est la règle suprême et immuable que les musulmans doivent respecter. Le dévouement de l’homme à Dieu est la première doctrine de l’islam. En effet, l’un des dogmes principaux prône l’unicité absolue d’Allah. Il n’y a aucun intermédiaire entre Allah et le peuple. « Même les personnages les plus saints, comme les Prophètes, ne sont que des guides et des messagers » [9]. Par conséquent, à l’instar du judaisme et du christianisme, l’islam est une religion monothéiste, c’est-à-dire que les musulmans ne doivent croire qu’en un seul Dieu « Allah » et doivent être dévoués uniquement à celui-ci.

La notion d’islam politique est un phénomène actuel récurant et occupant le devant de la scène médiatique, depuis ces dernières années, par les actions violentes qu’ils revendiquent ou qu’on leur attribue. Les mouvements de l’islam politique, tel que Boko Haram relève d’un phénomène de réaction à la modernité qui aurait fait éclater les équilibres de l’ordre interne. Son nom symbolise, en premier lieu, cette réaction à la modernité puisqu’il signifie « l’éducation occidentale est un péché et interdite dans la religion ». La secte s’attaque à toutes formes de l’occident (église, ONU, chrétien, police, etc.). Depuis 2009, ce mouvement islamique politique a fait 3600 morts. Pour les conservateurs ancrés depuis toujours dans un ordre structuré par la normativité religieuse, ce retournement déclenché par la modernité caractérise un bouleversement traumatisant. Face à cette remise en cause, l’islam politique a la même réaction que le christianisme politique de l’ancien régime : défendre l’ordre traditionnel[10].

L’une des actions de violence la plus médiatisée de Boko Haram est l’enlèvement de 276 jeunes scolarisées, en avril 2014, lutte contre un symbole de progrès en Afrique. L’État de Borno se trouve dans une zone en situation d’urgence depuis mai 2013, Maria Malagadis, spécialiste de l’Afrique, annonce que selon des enquêtes ultérieures, les forces armées ont été prévenues quatre heures avant l’enlèvement des lycéennes, par des agriculteurs annonçant que des camions, conduits par des hommes armés, demandaient où était le lycée de Chibok. Devant cette demande de renfort, le Président Goodluck Jonathan a attendu 3 semaines avant de réagir à cet enlèvement. Cette situation révèle le malaise qui existe au Nigéria. Le Président nigérian, demande une mobilisation internationale face aux actions de violence de Boko Haram et de facto, affaibli son pouvoir ce qui entraînera des conséquences politiques importantes. La pression de Boko Haram à une finalité interne. Les actions du faible au fort de ce mouvement empruntent des méthodes utilisées par AQMI, telles que l’action psychologique ou la manipulation de l’information pour cibler le choc émotionnel afin d’atteindre l’Opinion publique. Celle-ci donne la faute au gouvernement de ne rien faire face à la multiplication des agressions atroces. Bien que Boko Haram, n’ait jamais revendiqué agir sous un djihadisme international[11], Abubakar Shekao, chef de cette secte, agit de manière atroce ce qui scandalise l’opinion publique. Cette ampleur internationale, donne un champ d’action considérable à ce mouvement, leur permettant de vendre ses structures et s’étendre sur le territoire africain.
La communauté internationale pousse le gouvernement nigérian à prendre des mesures de répression et des lois démocratiques d’envergures. Toutefois, bien que le Nigéria soit la 1re puissance économique du continent africain, cette richesse se trouve être dans le Sud grâce au gisement de pétrole. Selon certain spécialiste, le pays, n’a que très peu d’intérêt pour cette région du Nord qui n’offre aucune perspective économique d’envergure. Mais la présence de Boko Haram dans trois des plus pauvres États du Nigéria lui permet de bénéficier d’un vivier de recrue qui se sent lésé par l’absence d’intérêt politique de gouvernement.
En 2015, ces pressions perdurent et l’impact de Boko Haram sur la politique intérieure du pays fait ses preuves. Les élections présidentielles et législatives initialement prévues le 14 février sont reportées de six semaines, soit le 28 mars, du fait de l’impossibilité des forces de l’ordre d’assurer la sécurité du scrutin, alors qu’elles sont engagées dans des opérations militaires contre le groupe islamiste armé nigérian. Pour Mohammed Kiary, chercheur à l’Université Modibo Adam dans l’Etat de l’Adamawa (nord-est du Nigéria), ce report est absurde : « Je ne vois pas du tout comment une insurrection qui envenime le pays depuis six ans peut être écrasée en six semaines » [12]. Pour les opposants, la vraie raison de ce report est politique. Alors que le président sortant est candidat pour une nouvelle élection, ce dernier et son parti, le PDP, « chercheraient à gagner du temps. (…) Avec quelques semaines de campagne en plus, le camp de Goodluck Jonathan pourrait regagner du terrain face à Muhammadu Buhari, [candidat du Congrès progressiste] son principal opposant » [13]. Enfin, d’autres observateurs soupçonnent le camp Jonathan de « vouloir frauder ou même instaurer un climat de violence pour déclarer l’État d’urgence et obtenir un deuxième report du scrutin » [14].

Conclusion

De manière plus générale, il y a un rejet de certaines situations de la politique nigériane. Concernant le facteur pétrolier, il y a une politisation des Ibos, Ibibios et Ogonis qui tentent de peser sur le contrôle des attributions foncières ou se plaignent de la forte pollution de leurs territoires qui les empêche de pécher ou cultiver leurs champs (47 % de la population sont agriculteurs). Ces peuples ont des revendications précises : emploi, indemnités foncières, interruption des pollutions. Concernant le facteur religieux, Boko Haram milite pour l’établissement de la Charia dans l’État nigérian. Implanté dans une zone délaissée par le gouvernement nigérian Boko Haram tente d’étendre son influence au niveau interne.

Les mouvements de rébellion nigériane ont une influence considérable sur la politique du pays, que ce soit Boko Haram ou le MEND qui a sombré dans l’obscurité depuis le grand coup de théâtre de la secte du nord du pays en avril dernier. Les mouvements de rébellion sont malgré tout dépendant de la politique et de la communauté internationale qui donne un intérêt plus ou moins important à des revendications. Boko Haram agit depuis des années sans faire parler de lui, mais une action suffit pour faire tourner la balance, d’autant plus que la communauté internationale mène une lutte sans merci contre les mouvements islamistes radicaux. Boko Haram saisit l’opportunité de faire parler de lui pour s’enrichir et récolter les moyens de sa politique.

Toutefois le MEND et la secte de Boko Haram n’ont pas de base sociale très large ni de capacité militaire pour faire un coup d’État, cela dit ces mouvements ne revendiquent pas leurs indépendances. Toutefois le fort taux de corruption du Nigéria profite à ses mouvements. Les militants de Boko Haram, par exemple, se fondent dans les armées du pays, du fait de leurs acquisitions d’uniformes, de galons, d’armes et de véhicules de l’armée.

La lutte contre ces mouvements n’est pas suffisante. Le problème est plus profond il relève de la politique du pays, de la corruption et des priorités nationales faites par le gouvernement.

[1] http://mondafrique.com/lire/editos/2015/02/13/boko-haram-revelateur-de-la-crise-nigeriane

[2]Le Nigéria a un PIB par habitant de 3200 dollars en 2014 d’après les chiffres de la Banques Mondiales : www.data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.CD

[3]En 2011 il est le 12ème producteur mondial de pétrole et le 1er producteur aricain.

[4]Contribut au maintien de la paix sur le continent africain, candidt au conseil de sécurité des nations unies, membre de multiples institutions internationales ou régionales, soft power important (Nollywood est le deuxième plus gros producteur derrière bollywood et devant Hollywood).

[5] « Corruption perceptions index 2014 : results », Transparency International, consulté le 14 février 2015. http://www.transparency.org/cpi2014/results La perception du niveau de corruption dans le secteur public est représentée sur une échelle de 0 à 100. Zéro signifiant un niveau de corruption des plus élevé et 100 un Etat vidé de toute corruption.

[6] « Le MEND revendique l’enlèvement de quatre expatriés au Nigeria », 8 décembre 2006, Panapress, Url (consulté le 14 février 2014) : http://www.panapress.com/Le-MEND-revendique-l-enlevement-de-quatre- expatries-au-Nigeria–13-641649-17-lang4-index.html

[7] « Nigéria : le Mend annonce l’enlèvement de 7 employés d’ExxonMobil », 16 novembre 2010, Le Parisien, Url (consulté le 14 février 2015) : http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/nigeria-le-mend-annonce-l- enlevement-de-7-employes-d-exxonmobil-16-11-2010-1152587.php

[8] « Les fondements du Djihad », les Religions.fr, consulté le 23 janvier 2013, URL : http://www.lesreligions.fr/articles/9-etymologie-islam-soummission-paix.php#.UuFrcf1Eoz

[9] MAMODE Ismaël, « Qu’est-ce que l’Islam », consulté le 23 janvier 2014, URL :http://www.islamfrance.com/islamintro.html

[10] la monarchie de droit divin contre la République en France et dans les autres pays européens, le Califat ou l’Imamat contre l’introduction de réformes, l’adoption de nouvelles institutions ou la référence à la démocratie, dans les pays musulmans.

[11] Ansarou, scission de Boko Haram, à quitter cette secte en 2012 puisqu’ils étaient davantage centré et motivé pour des actions internationalistes et anti-occidentales.

[12] « Le report des élections très critiqué au Nigéria », RFI, 9 février 2015, Url (consulté le 14 février 2015) : http://www.rfi.fr/afrique/20150209-le-report-elections-tres-critique-nigeria-goodluck-jonathan-muhammadu- buhari-kiary-etats-unis-kerry-boko-haram/

[13] Ibid.

[14] 
« Nigeria :pourquoi les élections ont-elles été reportées ? », RI, 8 février 2015, URL (consulté le 14 février 2015) : http://www.rfi.fr/afrique/20150208-nigeria-report-elections-boko-haram/

A propos Laura BLET 6 Articles
Etudiante en Master 2 Sécurité internationale et Défense

L’évolution d’Al Qaïda

L’évolution d’Al Qaïda

Le mouvement religieux et islamiste communément appelé Al Qaïda (« La base » en Français), mais aussi Qaïda Al-Jihad (« La base du Jihad ») a été fondé en 1987 par Abdullah Yusuf Azzam et Oussama Ben Laden et est toujours actif aujourd’hui. Ce mouvement considéré comme terroriste pas le monde occidental est né lors de la 1re Guerre d’Afghanistan. C’est la continuité du groupe Maktab Al-Khadamät, créé par Abdullah Yusuf Azzam. Le groupe fut financé, mais aussi équipé militairement par les États-Unis du gouvernement Reagan afin qu’il puisse combattre les forces soviétiques envahissant l’Afghanistan. En 1988, les membres dirigeants se sont réunis afin de décider de l’avenir du mouvement une fois l’URSS chassée. Bien que le mouvement fut initialement créé pour s’opposer aux Soviétiques, il fut décidé de continuer le Jihad. Les objectifs d’Al Qaïda se clarifièrent : établir un régime islamiste dans les pays à majorité musulmane, rétablir le Califat et détruire ce toute forme d’influence occidentale sur les terres musulmanes. Les membres de ce groupe souhaitent la nette séparation du monde musulman et du monde occidental, dirigé selon eux par les États-Unis.

On peut dire qu’Al Qaïda a connu deux ères : l’avant et l’après 11 septembre 2001. Le monde occidental, en particulier les États-Unis, a changé radicalement ses rapports avec cette organisation suite à cet attentat sans précédent.

À la mort d’Abdullah Yusuf Azzam en Novembre 1989,  Al Qaïda, encore appelé, Maktab al-Khadamät fut dirigé par des membres du djihad islamique égyptien qui prônent le renversement des dirigeants arabes non islamiques, alors qu’Azzam avait quant à lui pour principal désir de reconquérir les anciennes terres de l’islam. Le MAK éclate donc et c’est en cette même année qu’Oussama Ben Laden prend le contrôle d’Al Qaïda.

Oussama Ben Laden retourne dans son pays d’origine, l’Arabie Saoudite, et forme le comité du Jihad qui rassemble plusieurs groupes militants islamistes des pays suivant : l’Égypte, le Yémen, le Pakistan, le Liban, la Libye, la Jordanie et l’Algérie. C’est le début du développement du mouvement. Il avait aussi pour but en retournant dans son pays de continuer à convaincre le gouvernement saoudien de soutenir financièrement les musulmans djihadistes, mais cela n’a pas fonctionné. À ce moment-là, Al Qaïda se concentrait principalement sur les pays, gouvernements, groupes qui étaient infidèles aux règles de l’islam pur. En 1991, Ben Laden quitte l’Arabie Saoudite après que le pays lui ait refusé la direction de son armée, afin d’empêcher l’Irak de pénétrer sur le sol saoudien, alors qu’il venait d’envahir le Koweït.

La volonté qui anime Oussama Ben Laden d’étendre un combat islamique mondialisé, mené par Al Qaïda, vient suite aux échecs des mouvements islamiques face aux États de leurs propres pays en Égypte en Algérie ou encore en Bosnie. Il y a suite à cela une radicalisation de ces mouvements. Al Qaïda décide ainsi de s’attaquer directement aux États-Unis, car c’est le pays qui, selon le mouvement, dirige et personnifie le mieux  le monde occidental dont les valeurs vont à l’encontre des valeurs de l’Islam. Cela est rendu possible grâce aussi au progrès technique qui va lui offrir des outils de plus en plus perfectionnés.

Le premier attentat revendiqué par Al Qaïda a eu lieu le 29 décembre 1992 au Yémen dans deux hôtels hébergeant des soldats américains. S’en est suivi trois mois plus tard, le 26 février 1993, un attentat à l’explosif au World Trade Center à New York. Jusqu’au 11 septembre 2001, on recensera dix attentats attribués à l’organisation.

Le groupe décide en 1996 de quitter le Soudan, car il ne se sent plus protégé par le pays. Il retournera alors là  ou il a été créé : en Afghanistan. Les caractéristiques géographiques du pays lui permettant d’opérer discrètement,  d’être difficile à repérer et donc à combattre. Il recevra également la bénédiction et la protection du gouvernement taliban. Entre 1996 et 2001, Al Qaida sera l’auteur des attentats de Khobar le 25 juin 1996 en Arabie Saoudite et le 7 aout 1998 des attentats quasi simultanés de Nairobi et de Dar es-Salaam au Kenya et en Tanzanie

Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ainsi que d’autres alliés comme l’Alliance du Nord, le Royaume-Uni, la France ou encore le Canada ont déclaré la guerre à Al Qaïda en Afghanistan. L’invasion du pays, son occupation par les forces de la coalition et la chute du régime des talibans, mènera à la fragilisation de la structure de l’organisation et à la mise en place de plusieurs cellules locales qui agissent en son nom sans avoir de lien historique avec celle-ci. Les attentats ont moins d’envergure, mais se démultiplient tout en gardant la même cible : tout ce qui s’apparente à l’occident dans les pays dans lesquels ils se trouvent.

Des mouvements ont pris le nom d’Al Qaïda en Irak, au Maghreb, en péninsule Arabique, au Pakistan et en Asie du Sud Est (cf annexe). L’organisation est faite sous forme de réseau et est présente sur de nombreux territoires. En revanche les chefs sont décimés et cela empêche à l’organisation d’être solide.

La guerre menée par l’occident contre le terrorisme a permis l’arrestation ou la mort de nombreux leader du groupe, dont Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011. Ceci a mené à un fort affaiblissement de ce qui était autrefois une organisation solide.

Aujourd’hui, le groupe existe toujours et est dirigé par l’ancien numéro deux d’Oussama Ben Laden : Ayman al-Zawahri. Cependant il a perdu en importance suite à la mort de leur leader idéologique. En outre, le mouvement a perdu en vigueur et  a créé beaucoup de déçus parmi ses rangs et ses soutiens. Cela explique en partie l’émergence de DAECH, dont les déçus sont venus en enrichir les rangs . Une émergence rapide couplée d’un succès qui vient éclipser les actions d’Al Qaida. En effet, en parvenant à prendre le contrôle de  larges portions de territoires syriens et irakiens, et d’assurer son emprise sur les populations locales,  ce qui n’était initialement qu’une branche d’Al Qaida à réussi à faire ce que les autres organisations se revendiquant du jihadisme n’ont pu. Créer un état islamique “d’avant garde” et rétablir le Califat.

Auteur: Thomas Profit

Édition et mise à jour: Omar Tarabay

Annexes

Définition des termes en arabe:

Djihad : combat, action armée pour étendre l’islam, et éventuellement le défendre

Moudjahidines : personne de haute morale, combattant de la foi qui s’engage dans le Djihad

Sources :

http://www.erta-tcrg.org/cri6224/2004-2006/aq_creation.htm

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/

http://www.lesclesdumoyenorient.com/A-la-recherche-d-un-nouveau.htm

http://www.europe1.fr/international/a-quoi-ressemble-al-qaida-aujourd-hui-1063557

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L’évolution d’Al Qaïda

L’évolution du terrorisme Djihadiste depuis la naissance des Frères Musulmans

Introduction

« Dieu est notre but, le prophète notre chef, le Coran notre constitution, le Djihad notre vie, le martyr notre plus grande espérance » voila la devise des Frères musulmans.

Le mouvement terroriste djihadiste, luttant pour le retour du Califat, est fortement inspiré des acteurs, des actions et de la pensée habitant cette organisation égyptienne datant du début du 20ème siècle.

Nous allons ici tenter de déterminer les relations parfois floues qu’entretiennent ces deux mouvements.

Le Djihad, qui signifie « guerre sainte » en langue arabe, est le procédé par lequel l’État islamique entend imposer à ses ennemis la charia en d’autres termes faire de l’Islam la seule et unique source de droit religieux, politique et social. Cette pensée consistant à imposer les lois de l’Islam comme mode de vie est appelée Islamisme. Elle est apparue au 20ème siècle et n’est pas à confondre avec l’Islam qui est, elle, une simple religion libre d’exercice à n’importe quel individu croyant en ses principes comme peuvent l’être les religions juives ou chrétiennes.

Afin d’établir une liaison entre le mouvement égyptien et ces organisations terroristes, nous allons tout d’abord vous présenter l’organisation des Frères musulmans puis nous décrypterons les liens qui peuvent exister entre cette dernière et le terrorisme djihadistes. Enfin nous tenterons de vous présenter la situation du mouvement terroriste djihadiste à travers le monde.

I.                      Les frères Musulmans

Origine et influences :

Suite à la destitution du dernier calife en 1924, Hassan al-Banna, un instituteur égyptien, crée en 1928 à Ismaïlia (Égypte) une organisation panislamique appelée les Frères Musulmans. Ce  mouvement politique réclame alors soit l’union de toutes les communautés musulmanes dans le monde, soit l’unification des territoires considérés comme musulmans.

Hassan al Banna est déterminé à lutter contre « l’emprise laïque occidentale et l’imitation aveugle du modèle européen ». Son mouvement débute comme une simple association locale de bienfaisance, mais rapidement elle va se donner un but politique; celui d’instaurer un grand État islamique fondé sur l’application de la charia.

Brillant orateur, Al-Banna galvanise les foules, jouant sur la frustration de ses compatriotes sous occupation britannique et attribuant tous les malheurs de la communauté musulmane à l’Occident. Cependant, son propos garde une tonalité religieuse, appelant à la stricte observance des préceptes coraniques.

En 1951, Sayyid Qutb rejoint le mouvement. Il en deviendra l’un des principaux théoriciens. Incarcéré en 1954 par le pouvoir nassérrien, il rédige pendant douze ans des textes qui font de lui le « père » de l’islamisme révolutionnaire. Il est exécuté par pendaison en 1966.

Idéologie :

L’idéologie des Frères musulmans est résumée dans leur devise : « Dieu est notre but, le prophète notre chef, le Coran notre constitution, le djihad notre voie, le martyr notre plus grande espérance ».

Plus précisément, les thèmes essentiels de la doctrine des Frères musulmans sont la création d’un État musulman théocratique, le rétablissement du califat, la lutte contre toute tentative de rénovation ou de « modernisation » de l’islam, la dénonciation de la civilisation occidentale, l’anticolonialisme et l l’anticommunisme.

But :

Le but d’Hassan al-Banna est double : clamer son opposition à la présence britannique en Egypte et en Palestine, responsable selon lui de l’échec de l’unité arabe à l’issue de la Première Guerre mondiale et ré islamiser la société égyptienne, mais également le reste du Moyen-Orient, par la mise en place de la Charia.

Rôle social :

La confrérie joue rôle social très important. Elle est engagée dans la construction d’écoles, de dispensaires offrants des soins gratuits et fournit des aides aux déshérités, ce qui lui assure une forte influence sur la population.

La confrérie se forge également une popularité par l’organisation d’activités caritatives et sociales, destinées à séduire les couches populaires comme les classes moyennes. Ce programme fait la part belle à la religion, grâce à un mouvement d’éducation populaire, pensé pour assurer la régénération de l’islam. Un investissement clé aux yeux d’Hassan Al-Banna, instituteur de formation.

Mise en place du djihad :

Sayid Qubt établira pour la première fois, lors de son emprisonnement  le lien entre le jihad et l’essence de l’islam.

http://orientxxi.info/magazine/les-freres-musulmans-genese-et,0731

Évolution des frères musulmans :

Difficulté à atteindre le pouvoir politique.

Bien que disposant officieusement de 88 députés (sur 454) à l’Assemblée du peuple entre 2005 et 2010 (ce qui fait d’eux le premier groupe d’opposition), les Frères musulmans faisaient, avant la révolution du 25 janvier, face à un grave problème de stratégie politique,

Son principal obstacle était la nature non démocratique de l’État égyptien, qui refusait de faire d’elle une association légale.

Pour conquérir le pouvoir, ils se sont occidentalisés :

– Habillés en costume à l’occidentale, ils sont soit complètement rasés, soit portent une barbe finement taillée.

– Issus des hautes écoles, parlent tous plusieurs langues étrangères et se présentent désormais en démocrates.

– Tous les candidats aux élections législatives du mouvement ont bénéficié d’une formation intensive aux techniques de communication, aux stratégies de persuasion et à l’art des négociations.

– Le mouvement a aussi choisi de ne plus combattre directement le régime de Moubarak.

Lors des élections de 2010, ils sont marginalisés par des fraudes massives, et boycottent le second tour.

Après la révolution :

Le 20 janvier 2012, le parti de la Liberté et de la Justice, dirigé par Mohammed Morsi, remporte les élections législatives.

Le 24 juin 2012, il est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle.

Le 3 juillet 2013, le président Mohamed Morsi est renversé par l’armée après des jours de manifestations populaires rassemblant des millions de personnes dans tout le pays.

Le 20 août, le guide suprême des Frères musulmans Mohammed Badie est arrêté et placé en détention provisoire pour « incitation au meurtre ».

Fin décembre, le gouvernement égyptien déclare officiellement le mouvement des Frères musulmans « organisation terroriste » ; ses membres ont donc désormais l’interdiction de manifester.

Les frères musulmans et le terrorisme :

Aujourd’hui, les frères musulmans nient officiellement toute implication avec ces différents groupes djihadistes cependant ceux-ci ont évolué indépendamment ou pas des frères musulmans et sont aujourd’hui présent sur une grande partie du globe.

Concernant par exemple le Hamas, les Frères musulmans possèdent des liens historiques avec l’organisation palestinienne dont ils restent un pourvoyeur de fonds et d’armes. Dans l’article 2 de la charte du Hamas, figure l’affirmation que le Hamas est une branche des Frères Musulmans en Palestine.

http://www.slate.fr/story/33757/freres-musulmans-egypte-djihad-islamistes

  1. II.                      Les liens entre les Frères Musulmans et le terrorisme Djihadiste

 

Sayyid Qutb (1906-1966) : Écrivain islamiste dont les œuvres étaient encore interdites sous Moubarak.

Dans les années 40, son discours s’islamise, il pense que les maux de la société peuvent être guéris par l’Islam. En 1948 il part étudié pendant 2 ans aux États-Unis dans une Université du Colorado. Il y est profondément choqué par le mode de vie occidentale et notamment par la place et le rôle occupés par les femmes dans la société. À son retour en Égypte en 1950 il intègre les Frères Musulmans et en devient rapidement la principale figure intellectuelle.

Il va  très vite radicaliser la pensée du fondateur Al-Banna et légitimisé le Djihad offensif pour imposer le règne de l’Islam. C’est le premier à faire le lien entre le Djihad et l’essence même de l’Islam. Pour lui l’Islam ne peut exister sans le Djihad c’est-à-dire la guerre physique. Il possède une lecture personnelle du Coran selon laquelle le Djihad offensif reste légitime tant que la loi de Dieu n’est pas appliquée à l’Humanité tout entière. Le Djihad devient ainsi la règle absolue tant que la Charia ne règne pas sur la terre. C’est donc selon lui une mission divine que doit suivre tout bon musulman suivant les préceptes coraniques.

Aussi, il devient nécessaire de créer des avant-gardes se positionnant comme des centres de pouvoir révolutionnaire qui vont transformer les sociétés, créer des États islamiques pour finalement conquérir le monde entier.

Il sera le principal inspirateur d’organisations terroristes comme Al-Qaïda. Ses enseignements, ses conférences, ses interprétations et ses concepts ont eu une immense portée.

En 1965, pour le faire taire, Nasser, alors président égyptien, l’emprisonne lui et ses collaborateurs. Ils seront torturés, jugés et condamnés à mort. Nasser se rend très vite compte qu’il donne ici l’occasion rêvée à Qutb de mourir selon ses vœux c’est-à-dire en martyre. Pour sortir de cette impasse, il va tenter de le rallier à sa cause allant même jusqu’à lui proposer un poste de ministre de l’Éducation dans son gouvernement. Qutb repousse l’offre et préfère mourir en martyr allant même jusqu’à refuser une ultime porte de sortie lorsque la veille de son exécution sa sœur, lui rendant alors visite dans sa cellule, lui assure que s’il fait appel il aura la vie sauve. Il lui répondra que ces mots seront plus forts s’il meurt.

Le 26 aout 1966 Sayyid Qutb meurt pendu.

Lui survivront nombres de ces œuvres dont la plus marquantes « Jalons sur la route de l’Islam » qui fait l’éloge de la supériorité de la civilisation musulmane par rapport à l’occident et de la nécessité pour l’Islam de régner sur l’humanité tout entière. Extrait : « L’islam a le devoir de faire respecter le règne de Dieu sur l’univers. Ce règne ne peut être valable que sous l’égide d’un régime islamique établie par Dieu à l’intention de tous les hommes sans exception. »

Cette pensée est encore largement majoritaire chez les frères musulmans et elle inspire de nombreux groupes islamistes.

http://en.wikipedia.org/wiki/Sayyid_Qutb

« Sayyid Qutb, Itinéraire d’un théoricien de l’islamisme politique » de Mohamed Guenad.

Navvab Safani (1923-1955) :

Il est le fondateur des Fedayin de l’Islam, une organisation iranienne ultra-violente souhaitant l’instauration d’un gouvernement islamique.

Il est invité pour la première fois par les Frères Musulmans au congrès islamique organisé par ces derniers à Jérusalem en 1953. C’est lors de cet évènement réunissant toutes les tendances de l’Islam politique contre l’État hébreu qu’il va faire de la question palestinienne une question islamique. Pour lui cela concerne toute la communauté musulmane. Israël n’est plus un mauvais voisinage, mais un sacrilège, un obstacle au grand projet de la confrérie qui est la restauration du Califat.

En 1954 il est invité au Caire par les Frères Musulmans, à l’occasion de leur fusion avec les Fedayin de l’Islam. Ces derniers deviendront alors la branche iranienne du groupe.

De retour en Iran en 1955 il tente de faire assassiner le ministre de l’époque Le Chah. Il échoue, est arrêté puis exécuté la même année.

Son groupe lui survit et trouve quelques années plus tard en l’Ayatollah Khomeiny un nouveau leader. C’est la première fois que quelqu’un va établir des contacts et une collaboration avec des gens considérés comme dangereux par l’ensemble du clergé chiite nous voulons ici parler des Frères musulmans iraniens.

Avec ce nouveau représentant à sa tête et suite à la révolution islamique qui a lieu dans le pays, dont le slogan était pour rappel « l’Islam est la solution », les frères musulmans iraniens arrivent au pouvoir en Iran en 1979. C’est la première fois que les idées du mouvement se retrouveront au pouvoir au premier rang desquelles celle Sayyid Qutb. L’Iran montre ici l’exemple qu’avec une poignée de révolutionnaire soudée par leur foi en l’Islam il est possible de prendre le pouvoir.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Navvab_Safavi

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rouhollah_Khomeini

Le premier acte terroriste auquel les Frères Musulmans égyptiens sont indirectement associés est l’assassinat de Saddat en 1981. Ce dernier survient le 6 octobre, quelque temps après qu’il ait signé un accord de paix avec Israël, accord sponsorisé par Washington. Les Frères accusent Saddat de trahison. Ayant officiellement renoncé à toutes formes de violence, ce sont de nouvelles organisations dites salafistes nées au milieu des années 70 qui se chargent de l’assassinat et encore aujourd’hui, il n’existe aucune preuve formelle de la participation des Frères. Cependant, beaucoup d’organisations salutistes ont vu le jour dans le giron des frères musulmans.

La tentative de révolution débutant avec cet évènement et inspirée par celle survenue en Iran deux ans auparavant, sera tuée dans l’œuf. En effet, le successeur de Saddat, qui n’est autre qu’Hosni Moubarak, va opérer un vaste coup de filet dans les réseaux islamistes du pays, les organisations seront détruites et leurs leaders incarcérés parmi desquels un certain Ayman Al-Zawahiri. C’est à l’époque le leader du Djihad islamique égyptien responsable de l’assassinat de Saddat. Il est en connexion étroite avec les frères musulmans depuis sa jeunesse et est depuis mai 2011, la mort d’Oussama Ben-Laden, le nouveau numéro 1 d’Al-Qaïda.

La figure d’Al-Zawahiri peut attester à elle seule d’un lien plus qu’idéologique entre les Frères Musulmans et Al-Qaïda. Suite à l’assassinat de Saddat il ne purgera que 3 ans de prison, son implication directe n’ayant pu être prouvée. À sa sortie de prison, il se rend en Afghanistan prendre part au Djihad contre l’URSS. Il y est alors acceulli par Abdullah Azzam, un authentique nationaliste palestinien qui organisait le séjour des combattants arabes en Afghanistan. C’est le chainon manquant entre les Frères Musulmans et Al-Qaïda. Ce membre de l’organisation égyptienne est, selon de nombreux spécialistes, le véritable fondateur, relativement méconnu, de l’organisation Djihadiste. C’est grâce à son entremise qu’Ayman Al-Zawahiri fait la rencontre de Ben-Laden et c’est ses trois hommes qui souscriront ensemble à l’idée d’une avant-garde révolutionnaire posant les jalons d’une islamisation du monde et créeront dans ce but une organisation internationale qu’ils nommeront Al-Qaïda. On notera par ailleurs une ressemblance prononcée entre les logos des deux organisations, comme si la plus jeune s’était fortement inspirée de son ainée.

Frères Musulmans et Al-Qaïda 

Aujourd’hui, et même si les Frères condamnent officiellement tous les actes terroristes revendiqués par Al-Qaïda et notamment le plus connu qu’est l’attentat du 11 septembre 2001, ils ne condamnent pas Azzam ni ses actes. En effets, ils le considèrent comme un des leurs et selon eux on ne peut lui reprocher d’être allé à la défense d’une terre musulmane, l’Afghanistan envahi par l’URSS.

S’il n’existe toujours pas à l’heure actuelle de preuves formelles prouvant qu’Al-Quaida est, ou fut soutenue, par les Frères Musulmans, on peut affirmer en revanche que les idées qui fondent son action proviennent en droite ligne de la confrérie. Les hommes et les buts sont identiques, mais les stratégies sont différentes. Quand Al-Qaïda choisit le conflit direct, violent et armé les Frères Musulmans préfèrent une implication longue légitimant leur leadership auprès de la population.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ayman_al-Zaouahiri

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdallah_Azzam

http://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Qa%C3%AFda

« L’histoire secrète d’Al-Qaida : les origines, les réseaux, stratégie » de Abdel Bari Atwan

International Islamic Relief :

Autre lien flou entre l’organisation égyptienne et le terrorisme Djihadiste, l’International Islamic Relief. Cette association créée par les Frères Musulmans, basée à Londres et financée par l’Arabie Saoudite a récemment été accusée d’avoir subventionné le terrorisme. En effet, selon certains spécialistes, il semblerait que cette organisation profite de l’envoi d’aide humanitaire fournie aux déshérités pour y glisser des armes qui ont été livrées à différents groupes djihadiste dont notamment Al-Qaïda. Bien sûr, officiellement les frères musulmans nient toute implication dans cette affaire.

http://www.islamic-relief.org/

Implication en Palestine :

Il existe une forte implication associative de la part des Frères musulmans à Gaza auprès des populations occupées qui sont éduquées à la haine de l’État juif.

En 1987 les frères musulmans palestiniens dirigés par le Cheikh Yassine prennent le nom de Hamas, c’est-à-dire la résistance islamique. Ils passeront progressivement à la lutte armée puis au terrorisme en recours selon eux à l’épuisement de tous les moyens de révolution pacifique mis en œuvre précédemment (sittings, grèves, manifestations, etc…). En 2007 le Hamas remporte les élections palestiniennes et n’autorise à demeurer en Palestine que le Djihad islamique palestinien, autre organisation issue des frères musulmans, et chasse le frère ennemi nationaliste qu’est le Fatah de Yacer Arafat pour prendre la possession complète de la bande de Gaza.

Pour information, Khaled El-Batch qui est aujourd’hui le dirigeant du Djihad islamique palestinien, se revendiquent tout autant des Frères Musulmans que de la révolution islamique en Iran. Pour lui le mouvement du Djihad islamique constitue le prolongement naturel des Frères Musulmans.

http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Documentsterrorisme/freres-musulmans.html

Documentaire « La confrérie enquête sur les Frères Musulmans » de Michael Prazan disponible sur le site internet kuiv.com.

https://www.youtube.com/watch?v=e1RN33iD9Js

  1. III.                      Le terrorisme Djihadiste à travers le monde

Évolution du djihad :

L’application du Djihad se résume en trois vagues successives dans le monde musulman :

  • Dans les années 70-80, dans le cadre de la guerre d’Afghanistan contre les Soviétiques.
  • Le Djihad des années 90, contre les régimes militaires algériens, égyptien et en Bosnie.
  • Depuis la fin des années 90, le nouveau Djihad contre l’Occident, qui est devenu la raison d’être du mouvement d’Al-Qaïda.

L’organisation :

Selon Jean-Luc Marret, les organisations terroristes comprennent trois dimensions : « De membres actifs qui forment le noyau central et qui décide, agissent et recherchent l’action destructrice ; de militants qui soutiennent logistiquement le premier cercle, en fournissant activement une sécurité ponctuelle, des caches, de la nourriture, etc. ; des sympathisants, populations au degré de participation variable, inconstant ou partiel, et qui agissent comme un vivier potentiel de recrutement et de soutien logistique

Les attentats suicide :

Apparue lors de la guerre civile libanaise, la tactique des attentats suicides est utilisée en particulier par le Jihad Islamique à l’encontre de cibles militaires (attentats du 23 octobre 1983 à Beyrouth, etc.). Elle s’est depuis répandue, en particulier avec l’invasion de l’Irak, puis, à partir de 2006-2007, lors de la seconde guerre d’Afghanistan. Le Pakistan a par exemple connu 86 attentats-suicides en 2009 touchant aussi bien la population civile locale, des lieux de cultes, des lieux fréquentés par des étrangers tels des grands hôtels que des cibles militaires et administratives.

Recrutement :

Bien que la lutte antiterroriste ait eu tendance à se confondre avec un durcissement de la politique d’immigration et une fermeture des frontières, les terroristes islamistes peuvent être aussi bien des étrangers que des nationaux; lorsqu’ils sont étrangers, ils sont dans la quasi-majorité des cas en situation régulière.

Condamnation :

Dans le monde arabo-musulman, les actes terroristes perpétrés au nom de l’Islam sont généralement condamnés par des autorités religieuses. Toutefois, certaines actions qualifiées de terroristes en occident y sont considérées comme de la résistance. C’est particulièrement le cas dans le contexte du conflit israélo-palestinien, des commentateurs qualifient la lutte armée palestinienne de terrorisme, lui attribuant ou non une cause religieuse, tandis que les Palestiniens et leurs soutiens y voient une résistance contre Israël qui occupe indûment une partie de leurs territoires.

 “Les fabriques du Jihad” de Christian Makarian sous la direction de Jean-Luc Marret.

Conclusion

Même si l’organisation égyptienne des Frères Musulmans se défend de faire partie du mouvement terroriste Djihadiste et qu’aucune preuve réelle de leur implication directe avec ce de dernier n’existent on peut légitimement penser qu’au vu de leur histoire et des différentes personnalités qu’ils partagent ont ceux-ci sont plus que seulement liés par une idéologie commune.

En effet, si certains vont même jusqu’à les classer parmi les différentes organisations terroristes, les Frères Musulmans sont au moins les instigateurs majeurs, si ce n’est la tête pensante et dirigeante, de la plus grande menace mondiale contemporaine.

Les langues en occident

LES LANGUES EN OCCIDENT

INTRODUCTION

Charles Quint disait : « Je parle français aux hommes, italien aux femmes, espagnol à Dieu et allemand à mon cheval. » Cette situation prête à sourire mais il est frappant de constater qu’elle a toujours du sens aujourd’hui. Cependant à l’heure de la mondialisation et de l’américanisation, doit-on remettre en cause la diversité et la suprématie historique des langues occidentales pour accepter l’anglais comme langue unique ?

Pour pouvoir répondre à cette question il faut tout d’abord savoir qu’une langue se définit par un système de signes vocaux, éventuellement graphiques, propre à une communauté d’individus, qui l’utilisent pour s’exprimer et communiquer entre eux. Tandis que l’occident, d’après Samuel Huntington correspond à la civilisation occidentale composée de l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie car ces zones ont des valeurs communes notamment le christianisme. (carte 1)

1 Comment expliquer la situation actuelle des langues dans le monde occidental ?

Un peu d’histoire

Le paysage linguistique actuel est le reflet de l’histoire des peuples qui l’ont modelé. En effet, les langues ne sont pas le fruit du hasard mais des mouvements de populations (invasions, migrations…), ainsi les langues naissent, évoluent et disparaissent avec les peuples. L’indo-européen est une langue ancestrale commune aux occidentaux qui remonte à une époque où l’écriture n’avait pas encore été inventée (premières traces 2000 ans av JC). Cette langue vient de peuples de l’ouest de l’Asie qui se sont déplacés pendant des siècles vers l’ouest. Ils se sont installés progressivement dans toute l’Europe et leur langue s’est mélangée aux langues parlées par les autochtones. Plus tard, d’autres langues vont influencer l’indo-européen ; le grec car la civilisation grecque était le berceau de l’Europe occidentale, puis les langues celtiques avec les invasions celtes, le romain avec l’empire romain qui a surtout modifié les langues du sud de l’Europe, les langues germaniques qui ont fortement influencé le nord de l’Europe. A partir de ce moment les langues ne vont plus connaître d’évolutions majeures en Europe. Les langues principales appartiennent à trois branches de la famille indo-européenne, les branches romanes, germaniques et slaves.

Les évolutions récentes et leurs conséquences

Une deuxième période va marquer un essor des langues européennes dans le monde. L’Angleterre, la France, l’Espagne et le Portugal qui ont  été de grandes puissances maritimes se sont à leur tour déplacés vers l’ouest à partir du 15ème siècle, avec la découverte de l’Amérique des pionniers européens partent s’installer sur ce nouveau continent. Les populations amérindiennes sont souvent massacrées et finissent par devenir des minorités. Aujourd’hui, les langues les plus parlées sur tous le continent Américain sont l’Anglais et le français dans une moindre mesure au Nord et l’espagnol et le portugais au Sud.

Ce sont encore des pays d’Europe de l’ouest et ayant un accès maritimes qui vont colonisés tous le continent africain et une grande partie de l’Asie pendant plusieurs siècles (18ème au 20ème siècle). Cette présence a laissé de fortes traces car aujourd’hui beaucoup d’habitants de pays anciennement colonisés par les européens savent communiquer dans la langue du pays qui les a colonisés. (carte 2)

Aujourd’hui, l’anglais, l’espagnol, le français et le portugais font parties des 10 langues les plus parlées dans le monde. Elles sont les langues officielles de presque 60 pays pour l’anglais, un peu plus de 20 pays pour l’espagnol, 35 pays pour le français et une dizaine de pays pour le portugais.

2 Les enjeux géopolitiques des langues

L’influence économique, politique et culturelle

Les langues exercent une influence réelle d’où l’intérêt d’imposer sa langue et de ne pas laissé l’autre nous imposer la sienne. En effet, l’anglais étant considérée comme la langue des affaires les anglophones sont favorisés dans le monde économique. Les enjeux politiques sont également bien présents comme le montre les disputes au sujet des langues officielles utilisées à l’ONU qui sont actuellement l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe. Beaucoup de pays occidentaux tentent de maintenir l’usage de leur langue dans le monde comme la France avec la Francophonie ou le Portugal avec la Lusophonie. L’influence culturelle des langues est également un enjeu majeur comme l’a compris De Gaulle dès 1959 avec la mise en place de l’exception culturelle française qui a été mal acceptée par les États-Unis ce qui peut se comprendre étant donné que le cinéma est leur poste d’exportation le plus important. Les livres, les films sont autant de moyen d’imposer sa culture. D’ailleurs parler de la langue de Goethe, de Shakespeare, de Molière ou de Cervantès en est bien la preuve.

L’exclusion = ne pas parler la même langue ? L’unité= parler la même langue ?

La langue est souvent perçue comme une barrière entre les individus d’autant plus que c’est un outil de communication et un marqueur d’identité. Ainsi, traditionnellement ne pas parler la même langue signifiait ne pas pouvoir communiquer, échanger des idées, partager les mêmes valeurs. Beaucoup d’États ont donc cherché à imposer une langue unique nationale à leur peuple. Les langues régionales, la présence de plusieurs peuples parlant des langues différentes dans un même pays, les langues parlées par les immigrés sont considérées comme des menaces à l’unité nationale. La logique est d’interdire l’usage de ces langues minoritaires à l’école par exemple et « d’assimiler » les immigrés. Les tensions nationalistes qui ont eut lieu en Yougoslavie et même récemment en Belgique et au Canada peuvent amener à la conclusion que pour une cohésion nationale il faut créer des États nations avec un peuple qui cadre parfaitement avec les frontières étatique et qui parle une seule et même langue.

Une situation plus complexe

Mais fermer les yeux sur les réalités culturelles de son pays n’est-ce pas là le vrai danger ? En effet les frontières étatiques correspondent rarement aux frontières linguistiques. Beaucoup d’États multilingues (Le multilinguisme est la présence de plusieurs langues sur un territoire, le plurilinguisme, lui, désigne la capacité d’un individu à parler plusieurs langues) ont fait de cette diversité une richesse comme la Suisse et le Luxembourg qui ont chacun trois langues officielles. Certains pays comme l’Espagne reconnaissent véritablement les langues régionales et leur laisse le droit d’exister. Les universités espagnoles donnent ainsi des cours en Castillan et dans la langue régionale. De plus, avec la mondialisation, les nouvelles technologies, la traduction la tendance est d’apprendre d’autres langues, la langue n’est plus une barrière mais une façon de se rapprocher des autres en apprenant leur langue, la diversité linguistique devient une richesse voir un droit. Une bonne illustration serait l’Union Européenne qui compte pas moins de 23 langues officielles, les habitants de l’Union européenne peuvent accéder à l’ensemble des documents de l’UE dans la langue officielle de leur pays. Ils ont également le droit d’écrire à la Commission et de recevoir une réponse dans cette langue. Tous les députés du Parlement Européen ont le droit de prendre la parole dans n’importe quelle langue officielle de l’UE. Le programme Erasmus favorise cet apprentissage des langues européennes par les nouvelles générations. Il s’agit de « Valoriser la culture européenne, de répondre à la mondialisation des marchés, l’embauche croissante des polyglottes dans les multinationales, montrer son ouverture d’esprit, acquérir une vision transnationale et transculturelle ».

3 Etude de cas : l’Anglais

La suprématie de l’anglais

Depuis quelques dizaines d’années l’essor de l’anglais en Occident et dans le monde est incontestable. L’anglais est la langue utilisée dans le monde des affaires, des sciences et de la recherche, c’est la langue la plus apprise comme première langue étrangère. Beaucoup de livres, de films et de séries américains et britanniques sont exportés, par exemple la série Friends a été diffusée dans plus de 50 pays, Titanic est le film ayant fait le plus d’entrée en France, en Belgique et en Suisse, la saga Harry Potter totalisent 420 millions d’exemplaires vendus dans 140 pays.  Une des explications de ce succès est l’américanisation du monde c’est-à-dire l’influence exercée par les États-Unis sur les citoyens des autres pays du monde. Cette influence passe donc par les films, les séries, les livres, la musique mais aussi par les grandes firmes américaines. Par exemple, Starbucks, McDonald’s, Burger King et Domino’s Pizza sont présentes dans le monde entier et influencent nos habitudes alimentaires. Les langues de beaucoup de pays intègrent des mots anglais comme le français ou l’espagnol. Cependant, si l’anglais est une langue aussi importante aujourd’hui cela ne résulte pas seulement d’un phénomène d’américanisation. L’empire britannique y est aussi pour quelque chose car s’il a disparu le maintien de l’anglais dans les anciennes colonies comme langue nationale est encouragée par le Commonwealth. C’est une organisation composée pour la quasi-totalité d’anciennes colonies du Royaume-Uni, 53 états en sont membres et représentent 2,2 milliard de personnes. Le dirigeant du Commonwealth est la reine d’Angleterre. Faut-il s’inquiéter de la domination de la langue anglaise? Les langues nationales vont-elles disparaître?

Des limites

Cependant, il semble peu probable que l’anglais est un jour une hégémonie totale, tout d’abord car la maîtrise parfaite de l’anglais comme langue étrangère est impossible. Des études ont été menées avec des chercheurs maîtrisant pourtant très bien l’anglais et on s’est aperçu qu’ils passaient malgré tout à côté d’informations importantes quand ils lisaient des articles de recherche en anglais. Un autre exemple assez préoccupant est un crash aérien survenu en Floride en 1972, la tour de contrôle avait ordonné : “Turn left, right now“, c’est-à-dire “Tournez à gauche, immédiatement !” mais le pilote avait traduit “right now” par “à droite maintenant”, ce qui a provoqué la catastrophe.

Enfin, beaucoup d’acteurs se battent contre l’hégémonie de l’anglais. L’Unesco et l’Union européenne se battent notamment pour la diversité culturelle et linguistique. De plus, le phénomène de l’antiaméricanisme qui s’est crée en opposition à l’américanisation se définit par une méfiance ou une hostilité vis-à-vis des États-Unis motivée par la politique du pays (interventions militaires, soutien apport à Israël, ingérence  dans les affaires d’autres États) mais aussi par l’invasion de la culture américaine.

CONCLUSION

En conclusion nous pouvons dire que les langues en occident ont connu des évolutions internes peu marquées au cours du dernier siècle mais qu’à l’échelle mondiale l’anglais a acquis une influence majeure comme peu de langues en ont eu au cours de l’histoire, cet essor a été aidé par la mondialisation et les nouvelles technologies de communication. On peut espérer que la diversité des langues ne soit pas remise en cause mais il serait hypocrite pour des gouvernements occidentaux de faire l’apanage de la diversité quand beaucoup d’États ont imposé des langues nationales uniques dans leur propre pays mais aussi dans leurs anciennes colonies. Nous sommes donc dans une situation où les pays tentent de privilégier leur langue tout simplement car cela est dans leur intérêt stratégique et cette situation n’est pas prête de changer.

Bibliographie

L’aventure des langues en Occident, Leur origine, leur histoire, leur géographie ,Henriette Walter.

http://www.un.org/fr/aboutun/languages.shtml

http://europa.eu/about-eu/facts-figures/administration/index_fr.htm

http://www.erasmusworld.org/actualite-erasmus/pourquoi-partir-etudier-a-letranger.html

http://www.lexpress.fr/culture/livre/claude-hagege-imposer-sa-langue-c-est-imposer-sa-pensee_1098440.html

http://www.culture.gouv.fr/culture/editions/r-cr/cr124.pdf

http://coursterminale.wifeo.com/la-colonisation-europeenne-et-le-systeme-colonial-jusqua-1939.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Occident#mediaviewer/File:Clash_of_Civilizations_map.png

http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_p%C3%A9riphrases_d%C3%A9signant_des_langues

http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=34321&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

http://thecommonwealth.org/

http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2013/05/21/a-l-universite-l-anglais-est-deja-la-langue-des-chercheurs_3414935_1473692.html

Annexes

Carte 1 Le monde occidental selon Huntington

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Occident#mediaviewer/File:Clash_of_Civilizations_map.png

Carte 2 Les colonies en 1939

 la-colonisation-europeenne-et-le-systeme-colonial-jusqua-1939.php

Le développement de la Chine: une menace pour l’Occident?

“L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat.” Depuis des millénaires, les chinois perçoivent leur puissance davantage comme le rayonnement d’une civilisation brillante que comme l’application de la force militaire. La stratégie chinoise enseigne depuis Sun Tzu qu’il ne faut pas chercher à anéantir l’ennemi mais établir sur lui un ascendant et le maintenir, de telle sorte que l’usage de la force s’avère inutile.

Dans le passé, la Chine a été un grand empire mais elle fut ensuite sous la domination des puissances occidentales et ses peuples furent asservis. Depuis Mao Zedong (premier président du gouvernement populaire central chinois, en 1949), la Chine veut se libérer du joug des puissances occidentales et noue un désir de revanche: elle veut affirmer sa puissance et bouleverser l’ordre mondial traditionnellement établi par l’Occident.

Quand on évoque l’Occident, on pense à l’Amérique du Nord et à l’Europe. Ces régions voient le monde basculer en faveur de la Chine dont le développement semble incessant. Par développement chinois, on entend des performances économiques surpassant toutes les prévisions et qui ont des retombées sociales (amélioration des conditions de vie, développement de la classe moyenne) et géopolitiques. En effet, le pouvoir économique de la Chine accroit son influence et sa puissance géopolitique. Ce développement fulgurant peut inquiéter les Occidentaux qui pourraient le voir comme un danger. Dans la notion de menace, on comprend une agressivité, une volonté de nuire, affichée ou non, et une capacité potentielle de dominer.

Nous sommes donc amenés à nous demander si la Chine cherche à dominer les Etats-Unis et les Etats d’Europe, et si l’émancipation de la Chine peut bouleverser l’équilibre mondial au détriment de l’Occident?

La Chine a une volonté impérialiste et lance un défi aux Occidentaux, mais elle ne semble pas encore avoir les moyens suffisants de s’affirmer comme leader mondial.

Dans un premier temps, on ne peut pas encore parler de menace à court-terme concernant le développement de la Chine. Cependant, l’Empire du Milieu serait une menace à long-terme par sa capacité à développer des moyens militaires, des stratégies économiques et des alliances politiques.

Les difficultés de la Chine à se positionner comme un concurrent de taille face à l’Occident.  

Le problème des minorités :

Les Hans représentent 91,6% de la population, les 8,4% restant se divisent en 56 minorités: Mandchous, Coréens, Mongoles, Hui, Zang, Tibétains, Khmers, Cantonais, Ouïgours. Depuis plusieurs années, les Hans « prennent le pouvoir » des confins au détriment des populations locales. Ils dominent numériquement, politiquement et économiquement. Il existe cinq régions autonomes, mais Pékin se refuse à accorder toute forme d’indépendance aux minorités et réprime sévèrement toute velléité d’indépendance qui serait perçue comme une remise en cause de la cohésion nationale. L’Etat répond le plus souvent par la violence et la répression des mouvements de contestations, au Tibet ou dans le Xinjiang notamment.

Les Ouïgours vivent dans le Xinjiang, ils sont musulmans et d’origine turque. Pékin et les Hans voient dans la région du Xinjiang un intérêt géopolitique majeur (frontière avec la Russie, présence de matières premières). Les Ouïgours ne reconnaissent pas l’autorité de Pékin et aspirent à l’autonomie de leur territoire sous le nom de Turkestan oriental. Pour cela, certaines populations se tournent vers le nationalisme indépendantiste, avec par exemple le Mouvement de Libération du Turkestan Oriental (ETIM), mais aussi vers des courants salafistes fondamentalistes. Les tensions sont de plus en plus fortes dès la fin des années 1990 et les émeutes, notamment en 2009, se sont multipliées.

La question démographique:

La question démographique se situe au coeur de la politique intérieure chinoise : la politique de l’enfant unique, qui a favorisé l’écart considérable entre le nombre d’hommes et de femmes. Par ailleurs, le seuil de renouvellement de la population n’est pas atteint et la Chine est confrontée au rapide vieillissement de la population : les plus de 65 ans représentent 8% de la population en 2002 (Japon : 18,5%, France : 16%), ils s’élèveront à 22% en 2030 (Japon : 30%, France : 25%). Cela suscite de nombreux questionnements, notamment en rapport avec le financement de ces futures retraites.

Le contrôle des libertés individuelles :

Aucun parti d’opposition politique n’est autorisé. L’ACFTU (All-China Federation of Trade Unions) est le seul syndicat et ne fait que transmettre les idées et les ordres du parti. Dans l’ensemble, le gouvernement chinois tient assez peu compte de la société civile et ne la considère pas comme un partenaire avec qui l’on peut échanger et négocier. Le Parti exerce une censure sur les réseaux et sites internet et les films. Les domaines culturels sont peu filtrés, mais la critique politique est impossible. Le pouvoir est omniprésent et très rigoureux : un département de la propagande contrôle le ministère de la Radio, du Cinéma et de la Télévision. La population est également surveillée par une police secrète.

Une croissance “irresponsable” :

La croissance chinoise pèse sur les ressources naturelles par l’ampleur de son gaspillage : elle perd 120 milliards de dollars rien qu’avec le gaspillage énergétique. Elle consomme aussi de plus en plus d’eau (558 milliards de m3 en 2004 et 800 prévus pour 2030) alors que 400 villes sur 670 souffrent déjà de pénuries. Le pays ne possède que 7% des réserves pour 25% de la population. La pollution de l’air est sans doute un des aspects les plus visibles de la dégradation de l’environnement : la Chine est devenue en 2006 le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre devant les Etats-Unis. Les promesses de Pékin en matière de réduction de pollution sont d’autant plus difficiles à croire que le pays n’a pas ratifié le protocole de Kyoto.

Des inégalités significatives :

L’indice de Gini (coefficient mesurant les inégalités de revenus dans une société) atteint 0,47 en 2009, contre 0,28 en 1980. Cela montre que les inégalités ne cessent de s’accroitre. Les fortunés sont souvent des hommes issus du PCC ou leurs proches, ce qui renforce le mépris des Chinois pour leurs dirigeants. Par ailleurs, le secteur informel (peut-être plus d’un tiers des emplois) favorise les inégalités : un grand nombre de salariés travaillent dans des conditions de non-droit, avec des salaires de misère. De plus, la Chine a beau être la 2e puissance mondiale en termes de PIB, elle est encore un pays en développement : le PIB/hab. en PPA (5971$) la place en 2010 au 99e rang mondial. L’IDH est de 0,77 ce qui la place au 71e rang mondial.

Une société qui proteste :

Les raisons de mécontentement se diversifient : confiscation sans véritable dédommagement des terres des paysans, corruption des fonctionnaires, vie impossible des mingongs exploités par les entrepreneurs et travaillant dans des conditions sanitaires et sécuritaires déplorables, inégalités socio-économiques, absence d’une vraie justice et d’un Etat de droit. Les salaires restent très faibles, ce qui empêche à toute une partie de la société de participer à la société de consommation naissante. Mais la population est désormais mieux instruite et plus revendicatrice, plus informée aussi de ce qui se passe ailleurs et donc plus exigeante. L’année 2010 a été marquée par des grèves multiples. Elles ont éclaté chez Foxconn à Shenzhen (11 suicides au début de 2010), chez Honda et Toyota. Ces mouvements ont surtout frappé des sociétés asiatiques ou des joint-ventures sino-asiatiques ; ils ont été en partie évités dans les joint-ventures sino-européennes où les conditions de travail sont plus favorables aux salariés.

Des relations sino-occidentales favorables aux partenariats.

« Un développement pacifique » :

L’époque de Hu Jintao, marquée par la publication en 2005 du Livre blanc, est celle du « développement pacifique sur une longue durée ». L’émergence extraordinaire du pays commence à susciter des inquiétudes ; il faut donc rassurer, démontrer que la Chine ne veut qu’une insertion, un partage des responsabilités dans les affaires du monde, un retour juste à la place qui lui est due, sans agressivité. La politique étrangère actuelle est essentiellement dictée par les besoins économiques du pays, les besoins d’équilibre face aux Etats-Unis et les besoins d’approvisionnement ou de maintien des marchés face au reste du monde. Mais Pékin a entrepris de travailler au remodelage des institutions de la gouvernance internationale comme le FMI ou la Banque mondiale, afin que sa place y soit plus conforme à son poids économique et humain.

Le multilatéralisme :

Politiquement, la Chine ne cherche pas à exercer à l’échelle mondiale une hégémonie ou un unilatéralisme. Pékin veut juste un monde multipolaire dans lequel le pays serait à sa juste place. Sa montée en puissance fait qu’il se trouve engagé dans une multitude de groupes : BRIC, BASIC… la Chine fait partie des instances de la gouvernance mondiale : membre du conseil de sécurité de l’ONU, la participation depuis 2009 au G20 et le refus affiché du G2 illustrent parfaitement le choix du multilatéralisme.

Chine et Europe partagent une vision commune du monde, multilatérale et non exclusive. Pourtant, il s’agit d’un multilatéralisme assez différent, en particulier pour les exigences « morales » qu’il implique pour les Européens, la Chine ayant une vision plus pragmatique. L’UE a l’avantage de ne pas être une puissance du Pacifique, ce qui lui évite de nombreuses sources de confrontation avec Pékin. Depuis 1998, un sommet annuel entre l’UE et la Chine approfondit les relations.

Quant à la Chine et les Etats-Unis, ils semblent être des partenaires « obligés » car le besoin de l’un envers l’autre (bons du trésor/exportations) rend les contacts entre ces deux pays indispensables. Barack Obama doit prendre en compte l’omniprésence de la Chine. En 2000 a lieu le premier forum sino-américain et le 27 juillet 2009, lors de l’ouverture du dialogue stratégique et économique sino-américain, Barack Obama a affirmé que « la relation Etats-Unis-Chine allait façonner le XXIe siècle », et cela semble être une réalité. Le politologue Brzezinski a proposé en 2006 un nouveau type de rapport, désigné sous l’appellation G2, soutenu par ceux qui sont hostiles aux néoconservateurs tenants de la menace chinoise. Mais les Chinois refusent de se positionner face aux Etats-Unis pour cogérer le monde et considèrent que cela les engagerait vers des sphères et des dépenses qu’ils ne souhaitent pas assumer. Pour les Chinois, l’ « hyperpuissance » ne sert à rien, si ce n’est à s’attirer des ennuis.

Des partenaires commerciaux incontournables :

Depuis 2001, l’Empire du milieu est membre de l’OMC et se doit de respecter les règles du commerce mondial. Les échanges de l’UE avec la Chine représentent en 2008, 327 milliards d’euros, soit 11,4% de son commerce extérieur. Le déficit européen s’établit à 169,5 milliards d’euros en 2008 ; 133 milliards en 2009, contre « seulement » 108,5 milliards en 2005. Depuis 2004, l’UE est le premier partenaire commercial de la Chine. La Chine est le deuxième partenaire commercial de l’UE. En 2010, selon L’Express du 12 février 2011, l’UE absorbe 28% des exportations chinoises. Elle investit beaucoup en Chine (en moyenne 4 à 5 milliards par an depuis le début des années 2000) et est aussi le premier fournisseur de technologies aux Chinois. En mars 2014 a eu lieu la signature de nombreux contrats commerciaux, à hauteur de 18 milliards d’euros (par exemple, l’accord entre le Français Peugeot et le Chinois Dongfeng qui a pris des parts dans le capital de Peugeot, ou encore une chaîne de montage de l’A320 construite en coopération entre Airbus et une société chinoise). Mais les investissements se font dans les deux sens : au total, la Chine investit 90 milliards de dollars à l’étranger. Soit autant qu’il y a d’investissements étrangers en Chine.

Les liens commerciaux et financiers entre l’Empire du milieu et les Etats-Unis sont devenus très forts et probablement irréversibles : produits manufacturés contre bons du Trésor. La dette américaine est en partie détenue par Pékin. Les deux pays sont complémentaires : l’un dépense, l’autre épargne. L’interdépendance est donc très grande et a donné naissance à l’appellation « Chinamérique ».

Des opportunités offertes par le développement chinois.

Le défi chinois : un moteur d’innovation et d’amélioration de la compétitivité occidentale :

La montée en gamme des produits chinois amène les économies occidentales à investir dans leur appareil productif et à innover davantage pour que leurs produits deviennent plus compétitifs. Américains et Européens gardent une avance technologique et jouissent d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, d’ingénieurs, chercheurs et entrepreneurs. Le défi lancé par la Chine à l’ancien centre de l’économie mondiale peut être vu comme l’impulsion d’une nouvelle dynamique qui se mettrait en place dans les économies occidentales.

La Chine est en proie à de multiples difficultés internes qui la menacent directement. A l’échelle mondiale, Pékin veut compter parmi les grandes puissances dans un monde multipolaire, sans pour autant paraitre menaçante. La Chine semble plutôt lancer un défi aux Occidentaux et cela pourrait donner à l’Occident l’opportunité de s’améliorer sur le plan économique et même stratégique. Européens et Américains ont intérêt à considérer la Chine comme un partenaire avec lequel on peut avancer et construire le XXIe siècle. Mais sur le long terme, Pékin n’est-elle pas en train de déployer des stratégies commerciale et militaire agressives et orientées contre les Occidentaux ?

Un développement chinois accéléré : la menace grandissante face à l’Occident.

La Chine, concurrente économique « déloyale » :

Avec 1,35 milliards d’habitants, la Chine est la seconde puissance mondiale en termes de PIB et quitte donc le statut de pays sous-développé grâce aux « 30 prodigieuses » (N. Baverez). Selon un rapport de l’OCDE, la chine passera en tête des puissances d’ici 2030. Ce miracle économique de la Chine cacherait-il une menace asiatique pour le monde occidental ?

En intégrant l’OMC en 2001 et en maintenant une politique monétaire qui la protège de la concurrence étrangère, elle devient donc première exportatrice mondiale. De plus l’Occident est criblé de dettes et est en déclin, ce qui permet aux pays émergents comme la Chine d’avoir une position d’autant plus forte. Cette dernière, avec 3 200 milliards de dollars en réserve de change en octobre 2011 (soit plus de 50% de son PIB), détiendrait 9,8 % de la dette américaine et plus de 7% de celle des pays européens. Cette même année, la China Development Bank et la China export-import Bank ont prêté plus d’argent que la Banque mondiale soit 110 milliards de dollars. Pour ajouter à cela, la banque de Chine fait évoluer le yuan en fonction de la politique et de l’économie du pays. Elle instaure une politique du yuan faible ce qui est considéré déloyal par les pays riches car elle octroie à la Chine encore plus d’avantages de compétitivité pour l’exportation.

Des pratiques controversées :

Un état qui n’impose pas les mêmes règles que les autres, ne peut pas être un partenaire économique loyal. On observe une pénétration du marché très difficile car le pays, malgré sa politique d’ouverture, a une approche protectionniste. Ce commerce ouvert que dans un sens est le résultat d’avantages comparatifs démesurés tel que le dumping social et commercial. Les bas salaires et les normes de sécurité peu développées permettent d’offrir des produits à un prix qui défit toute concurrence. L’ORD recense plus de 100 plaintes antidumping contre la Chine en 2009. De plus, la Chine ne respecte pas les propriétés intellectuelles et produit 85% des articles contrefaits en France. Ces derniers représentent souvent des dangers pour la santé ou bien peuvent provoquer des accidents tels que les incendies. Elle dérobe aussi des secrets technologiques par espionnage et piratage.

Souvent jugée sévèrement pour l’utilisation de ses nombreux avantages compétitifs et ses pratiques déloyales, la Chine se développe au milieu de tensions économiques concurrentielles importantes. La chine est certes un partenaire incontournable et un moteur de notre économie mais elle est aussi une concurrente redoutable.

Le « Soft Power » : l’expansion internationale de la culture chinoise.

Le soft power est évoqué pour la première fois par l’Américain Joseph Nye en 1990, il définit ce concept comme étant « la capacité d’obtenir ce que l’on veut par l’attraction plus que par la coercition ». Tout comme dans le jeu de Go, il est question de former des espaces qui seront ensuite contrôlés plutôt que de détruire pour régner. Pour devenir une puissance globale, la Chine a bien compris que la capacité d’influence prévaut souvent sur la capacité militaire. Cette influence se fait au travers de nombreux moyens comme le sport, le commerce, l’art, etc. Cependant, certains domaines restent ambigus : l’économie est-elle du registre du « soft » ou du « hard » power ?

La diaspora : un rôle essentiel de l’influence chinoise dans le monde :

La diaspora chinoise, représentant des dizaines de millions de personnes, est la plus grande et la plus riche des diasporas au monde. Ces immigrants n’oublient cependant pas leurs origines et gardent un lien très fort avec leur culture. Ces expatriés, tenu pour traîtres par le passé sont devenus un relais de puissance et d’influence et participent au développement de leur pays d’origine.

Instituts Confucius :

Depuis la présidence de Hu Jintao, le confucianisme est redevenu une valeur mise en avant par l’Etat. Les instituts Confucius sont des établissements culturels publics à but non lucratif qui enseignent le mandarin et délivrent des certificats. Ils contribuent au rejet des valeurs occidentales au travers du recentrage sur des valeurs proprement chinoises. Il y a également un prix Confucius de la Paix, c’est une sorte de contre prix Nobel qui démontre bien la recherche d’alternatives aux valeurs occidentales.

Les stratégies géopolitiques et le hard power.

La stratégie du « collier de perles » :

Le « collier de perles », expression inventée en 2003 par le cabinet de consultants américains Booz Allen, schématise les points-relais destinés à sécuriser les routes maritimes de la Chine et à tisser des liens avec les pays d’accueil. Ils sont généralement acquis par rachats ou financements d’installations portuaires. C’est une stratégie ayant pour but d’étendre le contrôle sur la Mer de Chine, cela générant des tensions avec les pays voisins mais également avec l’Occident.

Le canal du Nicaragua :

Le gouvernement de Pékin a pour projet la construction d’un canal à 600 kilomètres du canal de Panama. Un projet de 30 milliards d’euros qui s’accompagnera de deux ports, un aéroport, un oléoduc et un chemin de fer. Ainsi la Chine se met directement en concurrence avec les Etats-Unis quant à l’accès au canal.

La présence chinoise en Afrique :

Dès l’époque maoïste, un intérêt pour l’Afrique s’est manifesté. Les principaux fournisseurs en pétrole sont le Soudan, l’Angola, le Gabon, la Libye et plus largement en ressources naturelles, l’Afrique du Sud et le Congo. Au-delà des hydrocarbures, les investissements chinois concernent l’exploitation minière, la pêche, le bois et les télécommunications en instaurant des programmes de développement agricole, de constructions d’infrastructures ou d’établissements médicaux. Elle concurrence ainsi les anciennes puissances coloniales comme la France ou le Grande-Bretagne. Cet engouement pour ce continent suscite des inquiétudes en Occident car il a toujours été la chasse gardée de l’Europe qui y possède des intérêts (francophonie par exemple). On s’inquiète de la perte de marchés, d’un ralentissement voire d’un recul dans les avancées démocratiques des pays, et surtout d’une diminution de l’offre en matières premières.

L’alliance Sino-russe :

Pékin et le Kremlin ont de nombreux points communs dont le plus évident est l’opposition à l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures des autres pays. Ils ont également tous deux une position contre les trois occidentaux à l’ONU et un intérêt pour le multilatéralisme. En 1996, ils signent un traité de voisinage et de coopération amicale : l’Organisation de la Coopération de Shanghai. L’OCS est maintenant une puissante entité au cœur de l’Eurasie.

La question de l’arsenal nucléaire et militaire chinois :

Pékin, avec le test de sa première bombe nucléaire le 16 octobre 1964, s’intègre dans le club très fermé des pays dotés l’arme nucléaire (EDAN) selon le TNP (Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires). Aujourd’hui, bien que le budget militaire américain reste le plus important au monde (45,3% de la dépense militaire mondiale) celui de la Chine s’élève à 112 milliards de dollars, son principal fournisseur étant la Russie.

La Chine publie en 2013 une nouvelle édition de son Livre blanc de la défense chinoise. Ce document a pour but de communiquer sur les atouts et les objectifs de son armée. Le pays dévoile ainsi la structure de son armée d’un effectif total de 1 483 000 soldats actifs. Pékin renvoie un message qui promeut une politique de coopération et de paix avec les autres Etats tout en restant capable de répondre à une éventuelle offensive étrangère.

Par ailleurs, un rapport inquiétant est publié par la Georgetown University en 2011. Trois mille têtes nucléaires seraient cachées dans des tunnels secrets souterrains en Chine. Pour ajouter à ces ogives nucléaires, une arme indétectable et redoutée par Washington a été créée par des ingénieurs chinois : un missile antisatellite. On arrive progressivement à une course à l’armement qui s’apparente à la course pour l’espace qui s’est déroulée durant la guerre froide.

Avec ses ambitions géostratégiques internationales, la Chine est devenue un facteur dynamique de la mouvance mondiale ce qui inquiète les occidentaux. Pékin a les capacités pour imposer son hégémonie dans les régions où elle n’est pas, ainsi que de la maintenir là où elle est déjà présente.

Aujourd’hui, les ambitions mondiales de la Chine ont pris de l’importance. Elle est à la fois plus présente, plus ferme dans ses prises de paroles, plus « arrogante » aussi. L’empire du milieu est bel et bien revenu au centre du monde, cependant il se fait talonner par d’autres puissances émergentes comme l’Inde ou le Brésil. Pendant combien de temps la Chine restera-t-elle en tête ?

 

Marianna Ramet, Florence Regnaut

 

  • Chongguo C. (2005) Chine : L’envers de la puissance
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  • Izraelewicz E. (2005) La Chine change le monde
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  • Vairon L. (2006) Défis chinois, introduction à une géopolitique de la Chine, Ellipses
Dictionnaire de Géopolitique

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