1. INTRODUCTION
L’Afrique du Sud est un état d’Afrique australe, bordé à l’ouest par l’océan Atlantique, à l’est par l’océan Indien, et est limité au nord par le Swaziland, le Mozambique, le Zimbabwe, le Botswana et la Namibie. C’est un état fédéral composé de 9 provinces : Cap-Nord, Cap-Est, Cap-Ouest, État libre, Kwazulu-Natal, Nord-Ouest, Mpumalanga, Gauteng et Limpopo.
Il n’est pas facile de résumer la riche histoire de l’Afrique du Sud en quelques lignes… Cependant, il est toujours intéressant d’évoquer les événements majeurs qui ont marqué l’histoire du pays pour mieux comprendre son environnement actuel.
Histoire
L’Afrique du Sud, avant l’arrivée des Européens, est composée principalement de peuples bantous qui viennent du Delta du Niger. Les premiers royaumes remontent au Xe siècle et un des royaumes les plus connus et anciens, Mapungubwe, commerce essentiellement avec les ports de l’Afrique de l’Est, l’Inde et la Chine.
En 1652, la compagnie hollandaise des Indes orientales installent une station de ravitaillement maritime au Cap – un arrêt important sur le plan géographique et politique car c’était alors la seule route commerciale en provenance de l’Europe et des Amériques vers l’Inde, les « Iles aux épices » des Antilles et vers l’Orient.
Ultérieurement, les Néerlandais, les Britanniques et dans une certaine mesure, les Français, se sont affrontés pour le contrôle du Cap, les Britanniques ayant finalement triomphés en 1806. Les Boers néerlandais ont commencé leur périple vers l’arrière-pays pour échapper à la domination des Britanniques. C’était aussi le début du Mfecane (« l’affrontement ») des africains contre les Boers, qui a commencé dans le Zoulouland et encouragé par le militarisme grandissant du roi Chaka Zoulou. La situation du pays devient alors critique et les conflits et massacres s’accentuent.
Le 20ème siècle a vu la fin de la Guerre d’Afrique du Sud (aussi connue sous le nom de Seconde guerre des Boers) qui a eu lieu de 1899 à 1902 puis, la création de l’Union d’Afrique du Sud en 1910 où le général boer Louis Botha sera le premier chef de gouvernement. En 1912, l’ANC (Congrès national africain), un parti politique bantou, est fondé.
En 1948, le parti national remporte les élections et met en place la politique d’apartheid. En 1961, l’ANC débute la lutte armée contre le pouvoir en place dans laquelle s’engage Nelson Mandela. En 1963, celui-ci est arrêté et condamné à la prison à perpétuité. En 1986, une guerre civile éclate et l’état d’urgence est déclaré. Le pays fait l’objet de sanction économiques et se retrouve isolé sur le plan international.
En 1990, l’ANC et tous les mouvements noirs sont légalisés, et Nelson Mandela est libéré. En 1991, les dernières lois de l’apartheid sont abolies et en 1994, Nelson Mandela devient le premier président noir du pays. Il se retire de la vie politique en 1999 et laisse place à Thabo Mbeki, son ancien vice-président.
En 2009, celui-ci est remplacé par Jacob Zuma.
Ce dernier démissionne le 14 février 2018 et est remplacé par Cyril Ramaphosa.
Nom officiel : République d’Afrique du Sud
Capitale administrative : Pretoria
Autres grandes villes : Le Cap (capitale législative), Bloemfontein (capitale judiciaire), Johannesburg (capitale économique)
Nature du régime : parlementaire
Chef d’Etat : Cyril Ramaphosa (15 février 2018)
11 langues officielles : afrikaans, anglais, ndebele, sotho du Nord, sotho, swati, tsonga, tswana, venda, xhosa et zoulou
Monnaie : Rand sudafricain
Superficie : 1 219 090 km²
Données démographiques
Le pays compte près de 55,9 millions d’habitants en 2016 et possède un accroissement naturel de 1,6%. La population urbaine compose 65,3 % de la population totale. L’âge moyen y est de 24 ans.
Environ 80% de la population est d’origine noire africaine, moins de 10% est d’origine européenne, moins de 10% est métisse africaine, asiatique et/ou européenne et environ 2,5% est asiatique, principalement d’origine indienne.
Près de 80% de la population est chrétienne. Il existe des minorités hindouistes, musulmanes, juives, athées et des croyances africaines traditionnelles.
Personne ne sait exactement combien de non sud-africains résident dans le pays. Le gouvernement avance parfois le chiffre de 5 à 6 millions dont la moitié en situation irrégulière et majoritairement zimbabwéenne. Mais selon différents organismes, les chiffres seraient plus proches des 2 à 3 millions. Ces derniers affluent de toute l’Afrique : Zimbabwe, Mozambique, Namibie, Lesotho, mais aussi RDC, Somalie… Avec un taux de chômage à plus de 26%, les Sud-Africains vivant principalement dans les townships, ont souvent du mal à accepter la présence de ces étrangers, ce qui donne régulièrement lieu à des violences xénophobes.
2. RISQUE POLITIQUE
La constitution de l’Afrique du Sud semble solide, elle est d’inspiration loi anglaise, Common Law et de droit romain hollandais, Roman Dutch Law. C’est le pays le plus démocratique du continent africain et la constitution est l’une des plus efficaces du point de vue des droits de l’homme. Malgré la solidité légale, et même si l’Apartheid fait partie du passé, les tensions entre blancs et noirs sont une réalité et sont notamment dues aux immenses inégalités de richesses dans le pays (les blancs ont en moyenne des salaires 6 fois plus élevés que les noirs).
Tensions politiques internes :
Le président Jacob Zuma, reconduit au pouvoir en 2014 après la victoire confortable de l’ANC (parti largement dominant depuis la fin de l’apartheid), a été plus contestée que jamais en 2018, après, notamment, sa décision d’opérer un remaniement ministériel pour se séparer du Ministre des Finances Pravin Gordhan. Principal garant de l’orthodoxie budgétaire aux yeux des investisseurs et des institutions internationales, ce dernier était en désaccord avec Zuma, alors que les accusations de détournement de fonds publics et d’ententes secrètes avec le milieu des affaires à l’encontre du Président s’accumulaient. Les divisions internes du parti s’aggravent ainsi de jour en jour jusqu’à la démission de Jacob Zuma le 14 février 2018, et l’accession de Cyril Ramaphosa à la tête de l’Etat.
Pour autant, l’Afrique du Sud affiche des performances satisfaisantes selon les indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale, mais qui tendent à se dégrader notamment en matière de respect des lois. La criminalité (l’Afrique du Sud étant très souvent présente dans les classements des pays les plus dangereux au monde) et la corruption handicapent fortement le pays.
Dans le même temps, l’absence de réponse aux attentes de la population sur le chômage de masse, la pauvreté et la persistance d’inégalités demeure une source d’instabilité du pays.
Politique extérieure de l’Afrique du Sud :
L’Afrique du Sud est particulièrement impliquée en Afrique australe et dans la zone SADC (Communauté de développement d’Afrique australe). La stabilisation de la République démocratique du Congo, conçue comme la porte d’entrée de la SADC, est au cœur des priorités de l’Afrique du sud, qui participe à la brigade d’intervention au sein de la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo). Le commandant des forces de la MONUSCO est d’ailleurs, depuis 2016, le général sud-africain Derrick Mgwebi.
BRICS/G20 : Soucieuse de développer des partenariats au sein des pays du sud, l’Afrique du Sud s’investit beaucoup dans les BRICS afin de promouvoir une politique non-alignée. Le pays accueillera le 10è sommet des BRICS en 2018. Enfin, il est le seul état africain membre du G20.
3. RISQUES ECONOMIQUES ET FINANCIERS (données 2016)
PIB : 294,9 milliards USD
PIB par habitant : 5 273,59 USD
Taux de croissance : 0,3%
Taux de chômage : 26,6%
Taux d’inflation : 6,7%
Balance commerciale : 0,15% du PIB
Endettement de l’Etat : 52,4% du PIB
Principaux fournisseurs de l’Afrique du Sud en 2016 : UE à 28 (31%), Chine (18,1%), Etats-Unis (6,7%), Inde (4,2%), Arabie Saoudite (3,8%)
Principaux clients de l’Afrique du Sud en 2016 : UE à 28 (22,9%), Chine (9,2%), Etats-Unis (7,4%), Botswana (5%), Namibie (4,7%) L’Union Européenne (Allemagne, Royaume-Uni et France notamment) demeure ainsi le premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud et une zone indispensable pour les exportations sud-africaines.
Comptant pour près de 20 % du PIB de l’Afrique sub-saharienne et 62 % de celui de l’Afrique australe, l’Afrique du Sud est en 2016 la 3ème économie d’Afrique en termes de PIB après le Nigeria et l’Egypte mais reste néanmoins la plus développée et la plus diversifiée.
Toutefois, le point bas de la croissance semble avoir été atteint en 2016. Mais les perspectives, si elles demeurent éloignées du potentiel de croissance (proche de 2 %), sont davantage encourageantes.
L’économie sud-africaine s’est originellement développée autour de l’exploitation de ressources naturelles abondantes. L’Afrique du Sud est le plus grand producteur et exportateur mondial d’or, de platine et de chrome d’Afrique, et le 4ème plus grand producteur de diamants. Le pays détient 70% des réserves mondiales de platine. La part du secteur minier dans le PIB s’est aujourd’hui légèrement réduite. Cependant, il constitue toujours l’un des secteurs clés de l’économie sud-africaine, la moitié des exportations restant constituées de minerais. Face à un secteur en perte de vitesse, le pays souhaite désormais assurer la transition d’une économie minière vers une économie plus diversifiée et plus compétitive.
On observe ainsi l’émergence d’un puissant secteur des services, notamment bancaire et financier. La bourse de Johannesburg est la 1ère du continent, la 17ème capitalisation au monde, et le secteur bancaire, globalement sain et convenablement capitalisé, constituent dorénavant des atouts majeurs de l’économie.
La consommation intérieure constitue traditionnellement l’un des principaux moteurs de la croissance, représentant 61 % du PIB. L’émergence d’une classe moyenne, qui a plus que doublé au cours des vingt dernières années, à près de 12 M d’individus, a principalement résulté de l’augmentation des prestations sociales et de la politique de discrimination positive mise en place au début des années 2000.
Les fondamentaux économiques – croissance, investissement, balance du compte courant – sont à un niveau inquiétant, et ce depuis longtemps. Les indicateurs sociaux et notamment le niveau du chômage (qui oscille entre 26 et 36 % selon la mesure adoptée) ne sont pas meilleurs, et l’inégalité persistante n’est que modérément atténuée par l’émergence d’une classe bourgeoise noire dépendante des contrats publics. C’est le paradoxe de la situation actuelle : le nouveau Cabinet nommé par CyrilRamaphosa affiche une volonté de revenir vers les politiques néolibérales dont l’échec à relever les défis du pays est en grande partie responsable de la montée des frustrations. Économiquement, trois dossiers demeurent sensibles : la question foncière avec l’émergence espérée d’une classe de petits fermiers noirs ; le maintient en l’état ou l’approfondissement de la Black EconomicEmpowerment ; enfin la lutte contre la corruption érigée comme une priorité par le nouveau gouvernement.
4. RISQUES GÉOGRAPHIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX
Selon l’index de performance environnementale de 2016, l’Afrique du Sud occupe la 81è place sur 180 pays.
Pollution : La pollution de l’air et de l’eau qui résulte des activités minières pose des risques sérieux sur la population et leur environnement. Le secteur minier représente ainsi la plus grande source de pollution en Afrique du Sud, cette situation étant liée à une législation peu contraignante pour les compagnies.
Le pays consomme près de 40 % de l’énergie consommée en Afrique. Le charbon est de loin la source d’énergie la plus importante, dont le pays détient près de 4 % des ressources mondiales. L’Afrique du Sud qui a ratifié le protocole de Kyoto est ainsi responsable de plus de 38% des émissions de CO2 du continent africain.
Stress hydrique : La majeure partie du pays est aride ou semi-aride et l’absence de grandes rivières ou de lacs importants requiert de sévères mesures de contrôle de l’eau. Ainsi, l’eau constitue l’une des ressources les plus critiques pour l’Afrique du Sud : la forte et croissante demande excède les capacités de fournitures des réserves existantes.
Le développement durable n’est pas encore une priorité en Afrique du Sud et les enjeux environnementaux sont rarement traités sur la scène publique. Pourtant, les projections démographiques et économiques suggèrent bien que l’Afrique du Sud devra faire face à de grandes difficultés pour satisfaire les besoins en eau dans les décennies à venir, d’autant plus que cette ressource est aussi affectée par le changement climatique.
En 2017, l’économie sud-africaine a continué de subir les effets du phénomène climatique El Niño, qui a occasionné la pire sécheresse qu’ait connue le pays depuis 30 ans. Le Cap, l’une des plus grandes villes du pays est en proie à une sécheresse sans précédent, entraînant par la même occasion une importante crise de l’eau. L’Afrique du Sud, pourtant le plus gros producteur africain de maïs, a dû en importer cette année.
5. HARD POWER
Armée : L’armée sudafricaine est considérée par le classement Global Firepower comme la 46ème armée la plus puissante du monde avec environ 70 000 soldats. Ce chiffre est peu élevé et le fait qu’elle ne possède pas l’arme atomique ne permet pas à l’Afrique du Sud de significativement peser militairement sur le plan international.
Le pays est par ailleurs le seul état d’Afrique à être membre du G20. Son appartenance au Commonwealth est aussi une chose positive dans ses relations internationales. Sur le plan régional, l’Afrique du Sud est l’une des premières puissances économiques du continent. Son rayonnement diplomatique s’est accru avec l’élection en 2012 de Nikosazana Dlamini-Zuma (femme politique sud-africaine) à la présidence de l’Union Africaine, équivalent de la Commission européenne en Afrique. Le pays s’est engagé dans de nombreuses opérations de maintien de la paix en Afrique, notamment au Darfour, au Congo ou au Zimbabwe, ce qui lui a permis d’affirmer sa position de meneur politique dans le continent.
6. SOFT POWER
L’Afrique du Sud post-apartheid a réussi à bâtir un vrai soft power grâce à son exemplarité démocratique notamment avec : la réputation d’occuper une position moralement élevée, qu’elle doit à la façon pacifique dont sa propre transition après l’Apartheid a été négociée, à sa décision d’abandonner ses stocks d’armes nucléaires et à une politique étrangère inspirée des principes pour lesquels le mouvement de libération nationale s’était battue. Cela lui a donné une tribune d’où elle peut s’attaquer à plus grand qu’elle et être entendue – et ainsi se positionner sur la scène mondiale et devenir un interlocuteur privilégié pour les différents acteurs internationaux.
L’Afrique du Sud bénéficie également d’une influence forte en Afrique Sub-Saharienne. Son combat contre l’Apartheid et ses leaders comme Nelson Mandela, Robert Sobukwe ou encore Steve Biko ont fait du pays une référence de l’idéologie panafricaine.
Le pays est aussi bien présent dans les domaines de la musique (diversité des styles musicaux, ouverture mondiale), de l’art (scène du street art importante, préservation des arts traditionnaux ou encore création du premier plus grand musée d’Art contemporain en Afrique) et du sport. L’Afrique du Sud est surtout connue pour son équipe de rugby et son organisation de la coupe du monde de Football en 2010, faisant de lui le premier pays africain à organiser la compétition.
CONCLUSION – SWOT
Fort de ses liens commerciaux avec ses voisins et avec les pays de l’OCDE, l’Afrique du Sud est une véritable puissance économique et diplomatique à l’échelle régionale. Au niveau mondial, son rayonnement économique, diplomatique et culturel n’est que limité et en forte concurrence avec les autres pays des BRICS.
Forte auparavant d’une croissance à plus de 5%, son développement souffre de la crise économique mondiale, du ralentissement européen avec qui elle a des liens importants, et de ses problèmes politiques internes. En effet, le pays est un des plus inégalitaires au monde en termes de répartition des richesses. Un taux de chômage très élevé et des tensions persistantes entre les différentes communautés handicapent le bien-être social.
Toutefois, l’Afrique du Sud reste l’un des états les plus dynamiques d’Afrique, attirant de nombreux IDE, avec des institutions et des infrastructures performantes et des relations commerciales internationales relativement établies. Aussi, le gouvernement, après des années de délaissement, prend depuis 2010 d’importantes mesures afin de tenter de contrer le fléau du VIH qui touche plus de 10% de la population.
Si, après les troubles qui entachent sa stabilité intérieure, l’Afrique du Sud réussit à rassurer les investisseurs, elle pourra davantage augmenter son attractivité sur des domaines porteurs comme le commerce et le tourisme.
FORCES |
FAIBLESSES |
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OPPORTUNITES |
MENACES |
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Références :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Afrique_du_Sud/104193
http://www.lemoci.com/fiche-pays/afrique-du-sud/
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/afrique-du-sud/presentation-de-l-afrique-du-sud/
http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Afrique-du-Sud
https://saspecialist.southafrica.net/fr/fr/topics/entry/fr-brief-history
http://transnationale.eelv.fr/2014/07/06/quel-developpement-durable-pour-lafrique-du-sud/
PONS-VIGNON Nicolas, propos recueilllis par DIAWARA Malick et FORSON Viviane , « Afrique du Sud – Ramaphosa : les défis économiques qu’il doit relever », URL : http://afrique.lepoint.fr/economie/afrique-du-sud-ramaphosa-les-defis-economiques-qu-il-doit-relever-09-03-2018-2200976_2258.php
SIDIROPOULOS Elizabeth, L’Afrique du Sud sur l’échiquier mondial : “donateur” émergent et acteur géopolitique https://poldev.revues.org/962